Les chiffres qui vous manipulent

Les mathématiques ont une telle place dans notre société, que les politiques et les médias ont compris que pour convaincre, ils devaient les utiliser en abondance quitte à leur faire dire ce qu’ils veulent. Quelques exemples sur des sujets rendus très populaires par les médias : chômage, délinquance et autres sécurité routière.

 

Chômage : des chiffres en baisse, les chiffres seulement.

La mauvaise représentativité des chiffres

Afin de mieux cibler les demandeurs d’emplois au sein de l’ANPE, différentes catégories ont été créés. Il en existe 8, en fonction des types d’emplois recherchés.

DOCUMENT TEXTE Les catégories de chômeurs. (par ANPE) Voilà pourquoi le chiffre du chomage n'est pas représentatif. (commentaire de M.F.) Catégorie 1 : Chômeurs immédiatement disponibles, cherchant un emploi à plein temps et à durée indéterminée (CDI) Catégorie 2 : Chômeurs immédiatement disponibles, cherchant un CDI à temps partiel Catégorie 3 : Chômeurs immédiatement disponibles, cherchant un emploi à durée ... >lire la suite

Seule la 1ere de ces catégories est prise en compte dans les chiffres du chômage. Il est alors facile de déplacer des chômeurs de la catégorie 1 vers d’autres catégories pour diminuer les chiffres du chômage.

La politique de l’ANPE

Le témoignage de Fabienne Brutus (employée de l’ANPE) dans son livre « Chômage, des secrets bien gardés », en donne des exemples.

DOCUMENT TEXTE "Chômage des secrets bien gardés" (extraits: ambiance à l'ANPE !) (par Fabienne Brutus) Dans "Chômage, des secrets bien gardés", Fabienne Brutus, conseillère à l'ANPE de Limoux, dans l'Aude, a pris le risque de perdre son emploi pour dénoncer une action de plus en plus coercitive envers les demandeurs d'emploi. Elle raconte comment l'agence se spécialise dans les offres d'emploi temporaires, mal payées et peu qualifiées, quitte à contraindre les chômeurs. (commentaire de 20minutes.fr) Page30-32 : « Nettoyage par le vide » «En matière d’épuration statistique, certains directeurs d’agence n’hésitent pas à employer le terme de «nettoyage». Quelles méthodes mettent-ils en oeuvre ? L’information ne transite que de manière verbale. Elle est purement descendante ... >lire la suite

Le développement de stages « bidons » (dont les intitulés n’ont pas de lien avec les besoins du demandeur d’emploi qui y participe) en fin de mois (moment où on comptabilise les demandeurs d’emplois) permet de déclarer les chômeurs en formation et donc de ne pas les comptabiliser dans les chiffres du chômage. Si un demandeur d’emploi refuse un stage, il peut se voir radier des listes.

Les radiations à outrance

Divers arguments, parfois respectables, parfois moins, sont utilisés pour radier les chômeurs des listes. Un parallèle flagrant peut se faire entre la radiation mensuelle régulière des chômeurs et la baisse régulière du chômage.

DOCUMENT VISUEL Parallèle entre les radiations et la baisse du nombre de chomeurs (par chomiste-land.com)   Ce graphique montre le nombre de radiations sur un an où l'on peut voir une courbe (en bleu) qui correspond au nombre de chômeurs et des colonnes (en mauve) qui correspond aux radiations des chômeurs. Explication du graphique : nous pouvons voir que quand il y a une forte hausse de radiations, le chiffre du chômage baisse ! Ceci expliquant cela ! (commentaire de chomiste-land.com)

On peut approuver que certains chômeurs de « mauvaise volonté » soit radiés, mais en aucun cas il serait honnête d’affirmer que le chômage diminue et donc que l’emploi repart. C’est pourtant ce que font le gouvernement et les médias chaque mois.

 

Délinquance : des chiffres manipulés, des citoyens bernés.

La police de proximité, un témoin bâillonné

Afin de mieux cibler les problèmes de sécurité dans le pays et afin de rapprocher le service public police du citoyen, le gouvernement Jospin avait donné la priorité à une police de proximité. Cette réussite, en rapprochant les citoyens des commissariats a conduit à faciliter la connaissance des crimes et délits. Les plaintes sont devenues notamment plus faciles à déposer. La première démarche à avoir lorsqu’on cherche à résoudre les problèmes, c’est d’en avoir connaissance.

Seulement, cette police de proximité a entraîné non pas une augmentation de la délinquance mais une augmentation des plaintes et donc du chiffre de la délinquance.

Exploité par l’UMP et soutenu par des médias idiots ou partisans, ces chiffres ont conduits à faire croire que l’insécurité augmentait. L’insécurité est comme le stress, plus on en parle, plus on s’en sent victime. Le sentiment d’insécurité a monté bien plus vite que l’insécurité même.

Lorsque Sarkozy prend le poste du ministère de l’intérieur, il fait un parallèle entre police de proximité et augmentation de la délinquance (alors qu’il ne s’agit que du chiffre de la délinquance), et en conclut que la police de proximité est inefficace. Il la supprime.

Au passage, il supprime donc la facilité de porter plainte et d’avoir connaissances des crimes et délits commis (puisqu’il en éloigne les agents de sécurité). Et naturellement, le chiffre de la délinquance diminue.

Voilà donc comment les chiffres ont pu amener à de mauvaises déductions et donc à faire le contraire de ce qu’il aurait fallu faire, tout en donnant l’impression d’avoir fait ce qu’il fallait.

Des chiffres qui se contredisent

Les plaintes étant rendues plus difficiles, il suffit d’avoir eu à déposer plainte au cours des derniers mois pour s’en rendre compte, elles diminuent. On explique parfois aux gens que le dépôt de plainte est inutile, voire qu’il est dangereux pour la personne qui porte plainte (représailles).

On en arrive à constater que les chiffres de la délinquance de la police sont 3 fois plus petits que ceux de l’INSEE. (En effet, lorsque l’INSEE fait ses enquêtes, elle va auprès des gens et ne prend pas des « plaintes » : les gens se confient donc plus facilement).

Ainsi, selon les chiffres de la police, la délinquance diminue sous Sarkozy, alors que selon l’INSEE, elle est comparable à celle de ses prédécesseurs.

DOCUMENT TEXTE Les "vrais chiffres" de la délinquance. (par TF1.LCI.fr) Ce document met en évidence que les chiffres de la délinquance sont très différents selon l'INSEE et selon la police/ministère. (commentaire de M.F.) Selon l'Insee et l'Observatoire national de la délinquance, il y a eu trois fois plus de délits en 2005 que de dépôts de plaintes. La même enquête révèle cependant que le sentiment d'insécurité des Français a diminué depuis 2004.La délinquance ... >lire la suite

 

Le besoin de résultat ou la magouille des chiffres

Les pressions exercées par le ministre sur les agents de police les conduit à ruser pour augmenter leurs « rendements » (en réalité les chiffres de rendement).

Exemple : une personne a commis une agression sur une personne pour commettre un vol (vol du sac à main d’une grand mère). On retrouve le coupable 2 affaires élucidées : 1 agression, 1 vol (bien qu’il s’agisse de la même personne et du même acte).

Autre exemple : vol d’un sac contenant un portable, un porte-feuille et un bijou. On retrouve le coupable avec les affaires du sac. 3 affaires élucidées.

Ainsi on obtient des taux d’élucidation qui dépassent le 100%. Pour une plainte formulée, 3 affaires élucidées. 300% de réussite pour cette affaire !

Les chiffres globaux et les détails qui tuent

Les résultats de la délinquance diffusés par les médias montrent une amélioration des chiffres de la délinquance (nous avons vu précédemment pourquoi) mais lorsqu’on rentre dans le détail (ce que les médias TV/radio font rarement car cela prend du temps et est plus complexe dont moins rentables auprès des auditeurs), certaines informations changent les conclusions.

Dans le cas du bilan Sarkozy, les atteintes aux biens diminuent (nous avons vu pourquoi : les plaintes diminuent) alors que les atteintes aux personnes augmentent (les plaintes ne diminuent pas, puisque les personnes, pour se faire soigner, doivent déposer une plainte obligatoirement).

DOCUMENT VISUEL Violence aux personnes: une progression inquiétante. (par L'Express)   Sarkozy s'est exprimé: "les résultats sont là !"... Nous sommes d'accord: ils sont là et ne sont pas bons ! (commentaire de M.F.)

Des chiffres à ramener dans leur contexte

Toute la popularité de Nicolas Sarkozy est basée sur son impression d’efficacité dans le domaine de la sécurité. Nous avons vu ce qu’il en est mais il est intéressant de voir les chiffres de la délinquance depuis un demi siècle. On découvre alors que les résultats apparemment mauvais de Jospin et de la gauche en général et les résultats apparemment bons de Sarkozy et la droite ne sont en réalité que des frétillements ridicules si on les compare à l’évolution de la criminalité depuis 1949.

DOCUMENT VISUEL Taux de criminalité depuis 1949 (par INSEE)   En ramenant les choses dans leur contexte historique, on voit à quel point les soi-disant hausses et baisses sont ridicules et ne sont que des arguments de mauvaise foi. (commentaire de M.F.)

Sécurité routière et autres vitrines.

 

La sécurité routière

Le nombre de morts sur les routes est officiellement passé à 4703 morts en 2006 (soit – 11,6% en un an). Il semble donc que ces chiffres soient encourageants mais ils doivent être relativisés. Il faut les associer aux moyens mis en œuvre pour y parvenir (sollicitations médiatiques en tout genre, multiplications des radars et mobilisation des agents de police, etc.)

Cela pourra paraître choquant mais il faut ramener les choses à leur échelle : 4703 morts quand on le compare aux dizaines de millions de français qui prennent la route régulièrement (et parmi ceux là des millions d’abrutis), c’est une goutte d’eau…

Imaginons maintenant que toute l’énergie déployée pour la sécurité routière ait été déployée pour d’autres causes à la place: éducation, environnement, consommation ou sécurité en banlieue. Cela aurait probablement été plus utile mais évidemment moins « voyant » sur les médias.

Violences contre les femmes

On peut appliquer le même raisonnement à de nombreux autres sujets comme celui des violences faites envers les femmes, sujet à la mode, à mettre notamment en parallèle avec la montée des femmes en politique.

1 femme meurt tous les 3 jours en France suite à des coups reçus par son compagnon. Ce chiffre doit être rapporté aux millions de femmes qui vivent en couples en France aujourd’hui. On se demande alors s’il est très judicieux et honnête de nous faire un battage médiatique là-dessus. Ce sujet a, au passage, permis d’occuper du temps d’antenne pour éviter de parler d’autres choses plus importantes, plus complexes et/ou plus gênantes.

Les médias loupes

Dés qu’un acte choquant se produit en France ou dans le monde, les médias sont sur place. Un viol, un meurtre, un pédophile et tous les médias en parlent.

Ils nous donnent l’impression qu’il y a du danger partout puisque on en entend régulièrement parler.

Ainsi par exemple, lorsqu’un enfant est enlevé, on en parle plusieurs jours de suite sur toutes les chaînes TV/radio, il suffit que ce problème se reproduise une paire de fois dans l’année et les chaînes en reparlent, jusqu’à en faire des reportages spéciaux ou des émissions spéciales. Et on oublie au final, qu’il n’y a eu que quelques affaires d’enlèvement dans toute l’année et que c’est très peu ramené aux 60 millions de français.

 

Ainsi, les gens ont davantage peur de la pédophilie de nos jours que dans les années 60 à 90, comme si il y en avait une recrudescence. Il n’y a pourtant pas plus de pédophilie mais on en parle beaucoup plus. En conséquence, on se méfie de tout le monde et on a peur pour son enfant dés qu’il est séparé de nous, alors qu’il ne risque pas plus qu’un demi-siècle plus tôt.

Les méthodes de mesure officielles.

Inégalité de traitements entre candidats sur les chaînes de TV

Le conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) est censé vérifier le traitement objectif des candidats par les chaînes de télévision. Il n’a pas trouvé d’autres moyens que de mesurer les temps de parole (des candidats et de leurs soutiens) et les temps d’antenne (des candidats et de leurs soutiens).

Ainsi le CSA évalue de la même façon :

-          Nicolas Sarkozy expliquant pendant 2 minutes son programme, son efficacité, etc

-          Un membre du PS expliquant pendant 2 minutes ce qu’il aime lire, le sport qu’il pratique, etc.

 

François Bayrou, et maintenant d’autres « petits » candidats dénoncent le bipolarisme imposé par les médias. Les médias ne donnent la parole qu’aux 2 « principaux » candidats Royal et Sarkozy.

Le CSA prétend faire référence aux résultats des élections précédentes pour déterminer les temps à allouer à chaque candidat. Il trouve ainsi normal que Royal+Sarkozy occupent l’essentiel de l’antenne. Pourtant, lors des dernières élections présidentielles, le PS, l’UMP et le FN avaient fait des scores proches (17%), pourquoi occupent-ils alors plus de temps que 17%¨chacun sur les chaînes TV ?

DOCUMENT VISUEL Tableau des temps consacrés aux candidats - comparatifs 2002-2007 (par CSA)   Le CSA trouve logique de faire un tableau en comparant les temps d'antennes des 2 principaux candidats en comparant Jospin-Chirac (duel qui n'a jamais eu lieu) et Royal-Sarkozy. La simple existence de ce document au sein du CSA prouve que les principales chaînes de TV méprisent tous les autres candidats et que les autorités (soi-disant indépendantes) trouvent cela normal. (commentaire de M.F.)

 

Le comptage des manifestants et des grévistes

Lors de manifestations, le nombre de manifestants est variable selon que la mesure est faite pas la police/ministère (chiffre officiel) ou par les syndicats (organisateurs). Les premiers cherchent à obtenir un petit nombre pour diminuer l’impact des mobilisations et les seconds cherchent évidemment le contraire. Les chiffres des uns et des autres varient parfois du simple au double.

Les chaînes de TV, ont longtemps pris l’habitude de donner les chiffres officiels, à savoir ceux du gouvernement qui cherche à minimiser, mais depuis peu, certaines chaînes donnent les deux chiffres, la réalité étant probablement entre les deux.

Les méthodes de mesure employées par les uns et par les autres sont rudimentaires et très imprécises, elles subissent donc forcément la subjectivité des personnes qui mesurent, et qui modifient les valeurs de façon plus ou moins volontaires et conscientes.

DOCUMENT TEXTE Méthodes de comptage des manifestants (autorités et organisateurs) (par 20minutes.fr) Des méthodes artisanales quelque-peu imprécises et subjectives... (commentaire de M.F.) Le comptage du nombre des manifestants, sujet éternel de controverse entre la police et les organisateurs, fait toujours appel à des méthodes traditionnelles, du côté des forces de l'ordre comme des manifestants."Ca reste très traditionnel", dit-on à l'AFP à la ... >lire la suite

De même, lorsqu’on prend le nombre de grévistes, on retrouve les mêmes irrégularités.

Exemple lors d’une grève de l’éducation nationale : La grève a lieu un mardi. Un enseignant peut ne commencer qu’à 9h ou 10h le mardi (emploi du temps variable d’un prof à l’autre). A 8h, l’enseignant n’est donc pas dans son établissement : les syndicats le compteront comme gréviste (car il n’est pas dans l’établissement), les autorités le compteront comme non gréviste (car il est normal qu’il ne soit pas dans l’établissement à cette heure). Bien évidemment, ils ont tous les deux torts puisqu’il faudrait attendre 10h pour savoir s’il est gréviste ou non gréviste. Voilà comment on obtient des résultats différents en fonction de ceux qu’on veut obtenir.

 

La présentation des sondages et des statistiques.

Manipulation dans la formulation des questions

La plupart des sondages sont commandés par des gens qui veulent démontrer certaines choses.

L’UMP peut par exemple commander un sondage dont les questions entraînent des réponses automatiques.

Ainsi, si on demande à un panel de gens interrogés : « Pensez-vous que Nicolas Sarkozy ait raison de chercher à réduire les incivilités en banlieue ? ». La réponse OUI viendra à une majorité de gens.

Les journalistes en arriveront à la déduction : « Une majorité de français approuvent l’action de Nicolas Sarkozy sur les banlieues».

Ce qui n’est pas une déduction logique. La question qui aurait dû être posée pour en arriver à cette déduction aurait du être « Approuvez-vous l’action de Nicolas Sarkozy en banlieue ?». La réponse du panel n’aurait pas été la même.

Manipulation dans la proposition des réponses

Lorsqu’un sondage est effectué, pour des raisons notamment de facilité de traitement des résultats, des réponses sont proposées et la personne testée doit indiquer son choix dans la liste proposée. C’est notamment une pratique très répandue dans les produits « élus de l’année » mais également dans les sondages politiques. Cette pratique implique donc d’emblée l’écartement de certaines réponses dans les résultats.

Régulièrement, Le Figaro avec le concours de l’institut de sondage OpinionWay, publie des sondages indiquant qu’Olivier Besancenot (extrême gauche) est considéré comme le meilleur opposant à Nicolas Sarkozy (droite) dans les sondages. Lorsqu’on regarde la façon dont le sondage est réalisé, on découvre que dans les réponses proposées comme meilleur opposant à Sarkozy, une personnalité d’extrême gauche est proposée (Besancenot) face à plusieurs personnalités du parti socialiste. Les sympathisants PS se dispersent donc statistiquement sur les différents candidats PS proposés, alors que les sympathisants d’extrême gauche, même si ils sont moins nombreux, s’accordent tous sur la même réponse Besancenot. Ainsi, Besancenot est largement devant toutes les autres personnalités de gauche proposées.

Il ne reste ensuite plus qu’à l’ « influence sociale » d’agir ; c’est un phénomène de conformisme démontré en psychologie : Lorsqu’on sait qu’une personnalité est populaire (notamment grâce aux sondages) on se dit inconsciemment que si cette personne est si populaire, c’est probablement parce qu’elle doit être bien. Ce qui fait monter artificiellement l’estime pour une personne dans une population. Ainsi, le sondage ne représente pas l’opinion d’une population mais la créé !

Dans l’exemple développé précédemment, on peut comprendre l’intérêt d’un journal de droite, de faire monter aux yeux de l’opinion un candidat marginal, pour affaiblir les opposants les plus dangereux (car ayant plus de chances d’être élus).

Cette pratique est également utilisée dans la promotion des produits de consommation.

PAGE INTERNET FLECH: La manipulation par la pub (par M.F.)

Dans d’autres cas, l’inexistence de propositions de réponses à la question d’un sondage peut également avoir des effets pervers. C’est notamment le cas du sondage conduisant à faire un classement des personnalités préférées des français. Lorsqu’on vous demande « quel est votre personnalité préférée », vous n’avez pas forcément d’idée et vous pensez alors au sondage précédent pour lequel Yannick Noah était élu. C’est donc la 1ere réponse qui vient le plus souvent à l’esprit des gens interrogés. Par conformisme, mais également pour ne pas avoir à réfléchir plus longuement, beaucoup d’entre eux répondent « Yannick Noah ». C’est la raison pour laquelle, il reste personnalité préférée des français plusieurs années successives sans n’avoir rien fait de nouveau. La popularité du ministre Kouchner ou l’illusion de compétence de Dominique Strauss-Kahn pourraient bien s’expliquer en partie de cette façon.

Les ajustements des résultats de sondages

Certains sondages subissent ensuite des modifications visant à rapprocher les chiffres de la réalité des opinions. Ces ajustements ne sont pas forcément objectifs et n’obéissent pas à des règles scientifiquement valides.

Ainsi, en 2002, les sondages n’avaient pas prévu le score de Le Pen au 1^er tour des présidentielles. Les sondeurs se sont donc aperçus que les électeurs de Le Pen n’osaient pas forcément l’avouer, même lors d’un sondage téléphonique.

Ils ont donc décidé d’appliquer des règles visant à augmenter le chiffre correspondant aux votes Le Pen, pour compenser ceux qui n’osent pas dire qu’ils vont voter pour lui.

Selon les instituts de sondage, le score du vote Le Pen est donc variable en fonction des règles d’ajustements appliquées. Mais, il semblerait parallèlement, que les électeurs de Le Pen se cachent moins depuis 2002… les sondeurs doivent-ils encore pratiquer les ajustements du vote Le Pen au risque de le surestimer cette fois-ci ?

Bien des critiques peuvent donc s’appliquer aux sondages.

DOCUMENT TEXTE Insondables ! (par Laurent Neumann, directeur de la rédaction de Marianne ) Les sondages nous ont fait la peau en 2002... et en 2007 ? (commentaire de M.F.) Ce jeudi, Le Parisien publiait une nouvelle enquête d'opinion (institut CSA) sur la prochaine élection présidentielle. En attendant, bien sûr, celle du Figaro Magazine et toutes qui suivront… Après lecture des résultats, je vous livre les questions telles qu'elles me ... >lire la suite

Des présentations de chiffres partisanes

A chaque fois qu’un chiffre statistique ou un sondage est publié, les journaux télévisés présentent des graphiques visant à imager et simplifier la compréhension de ces chiffres. Mais la façon de présenter ces chiffres est souvent partisane. Voici deux façons de présenter exactement les mêmes chiffres (observez les échelles au niveau des axes).

DOCUMENT VISUEL Evolution du pouvoir d'achat selon une vision optimiste (par Jiby d'après les chiffres INSEE)   Sur ce graphique, le salaire minimum (celui qui a le plus augmenté) est mis en valeur par la couleur rouge. L'échelle choisie accentue l'augmentation. On a l'impression que le pouvoir d'achat a fortement augmenté. (commentaire de M.F.)

DOCUMENT VISUEL Evolution du pouvoir d'achat selon une vision pessimiste (par Jiby d'après les chiffres INSEE)   Sur ce graphique, le salaire moyen (celui qui a le moins augmenté) est mis en valeur par la couleur rouge. L'échelle choisie applanie la courbe et atténue donc l'augmentation. On a l'impression que le pouvoir d'achat est resté stable ou a peu augmenté. (commentaire de M.F.)

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Cet article de Flech met en évidence que les chiffres sont souvent ambiguës et peuvent être utilisés pour dire tout et son contraire. Les chiffres portent pourtant une connotation scientifique qui les semble parfois les rendre indiscutables. Nous avons vu ce qu’il en est.

Nous aurions pu multiplier les exemples de chiffres manipulés et d’interprétations médiatiques douteuses. Nous vous invitons à visiter les sites internet de 2 organisations qui traitent respectivement ces 2 sujets. Il s’agit de l’organisation Acrimed et de l’association Pénombre.

PAGE INTERNET Site de l'organisation Acrimed Acrimed signifie Action CRItique MEDias. Comme son nom l'indique, cette organisation se veut être un observatoire critique des médias. Elle réunit des journalistes et salariés des médias, des chercheurs et universitaires, des acteurs du mouvement social et des « usagers » des médias. Elle cherche à mettre en commun savoirs professionnels, savoirs théoriques et savoirs militants au service d’une critique indépendante, radicale et intransigeante. (commentaire de Acrimed)

PAGE INTERNET Site de l'association Pénombre L'association Pénombre a été créée en juin 1993, pour développer un espace public de réflexion et d'échange sur l'usage du nombre dans les débats de société. Les nombres sont des êtres sociaux, résultats d'une construction dont il vaut mieux connaître le maçon et l'entreprise. Pour que les nombres commencent à prendre sens, il faut connaître les définitions, les concepts utilisés. Sans être spécialiste, on peut se poser quelques questions sur les méthodes de collecte de l'information. (commentaire de Pénombre)

Avec cet article, Flech vous a appris à quel point les mathématiques sont importantes mais à quel point elles sont dangereuses si elles ne sont pas accompagnées d’un raisonnement valide.

Avec cet article, plus que jamais Flech vous invite à ne pas suivre les flèches !