Méthodes de comptage des manifestants (autorités et organisateurs)

 

par 20minutes.fr (28-03-2006)

 

Le comptage du nombre des manifestants, sujet éternel de controverse entre la police et les organisateurs, fait toujours appel à des méthodes traditionnelles, du côté des forces de l'ordre comme des manifestants."Ca reste très traditionnel", dit-on à l'AFP à la préfecture de police de Paris, où on insiste beaucoup sur le "gros travail de préparation" avant le comptage proprement dit.Il s'agit, une fois le parcours déposé, de déterminer l'endroit (pour de petites manifestations) ou les deux endroits (pour les cortèges plus importants) où deux policiers se relaieront pour appuyer sur un petit compteur manuel et comptabiliser les rangs qui défilent devant eux, explique-t-on. Ces points ne doivent être "ni trop près, ni trop loin du départ" et, quand il y en a deux, les policiers ne communiquent pas entre eux.Une fois ces endroits définis, les agents calculent, en fonction de la largeur de la voie, le nombre de personnes qu'il pourra y avoir par rangée.Les comptages sont vérifiés par d'autres paramètres, comme la surface de la manifestation, calculée en fonction de la distance entre la tête et la queue et de la largeur des voies empruntées, sachant qu'il ne peut y avoir plus d'un manifestant par mètre carré, ce qui représente un cortège très serré.Quand l'appel est national et que la province se joint à la manifestation parisienne, les fonctionnaires disposent également du nombre de réservations TGV ou du nombre de bus affrétés pour étayer leurs chiffres. "S'il y a 400 bus, il ne peut pas y avoir moins de 20.000 personnes", dit-on.Pour les très gros cortèges, comme ceux sur les retraites de 2003, la préfecture dispose aussi de vues aériennes pour conforter ses chiffres sur le terrain.Une fois la queue de la manifestation passée devant le dernier point de comptage, en fonction des chiffres, la préfecture choisit soit de faire une moyenne, soit de privilégier l'un en jugeant que l'autre a eu des difficultés. "Le 18 mars, un point donnait 74.000 et l'autre 80.000. On a pris 80.000 car on s'est rendu compte que des gens s'étaient prépositionnés sur le premier point. On les a d'ailleurs comptabilisés à 5.500, ce qui nous redonnait donc 80.000", cite-t-on en exemple.Les agents font un point intermédiaire chaque demi-heure car les chiffres définitifs peuvent être longs à venir. "Le 18 mars, la queue du cortège est passée à 18h45 devant le deuxième point de comptage", souligne-t-on.La CGT s'appuie pour sa part sur "la longueur de la manifestation" qu'elle calcule notamment en partant du "temps de défilement" du cortège, à raison d'"une vitesse de 2 km/h en moyenne". Parallèlement, elle évalue "la densité des participants au départ et à l'arrivée et sur plusieurs tronçons d'une centaine de mètres" pour obtenir le chiffre total.A l'Unef, on précise procéder "un peu comme la police, sans l'aide de la technologie". Comme à la CGT, les chiffres sont élaborés à partir de "la longueur de la manifestation et de sa densité" et après coordination avec les autres organisations présentes pour "donner un chiffre à peu près cohérent".

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Des méthodes artisanales quelque-peu imprécises et subjectives... - M.F.