
L’existence des races humainesL’humain n’est-il qu’un gros morceau de viande ? L’idée peut paraitre choquante. Pourtant, c’est bel et bien comme ça que nous avons traité un certain nombre d’animaux depuis des siècles. Des animaux qui existeraient uniquement pour nous, selon les interprétations de textes sacrés.Or, sur le plan scientifique, le règne animal regroupe les êtres vivants qui ont besoin de se nourrir d’autres êtres vivants. C’est notre cas : nous sommes donc des animaux. L’idée de considérer l’humain comme un animal dérange encore beaucoup de gens, particulièrement s’ils ont une culture scientifique moindre et une culture religieuse ou artistique forte. On peut résoudre ce conflit en considérant que l’humain est bel et bien un animal mais avec ses particularités qui le distingue de beaucoup d’autres : son langage articulé, sa culture et ses arts.L’univers naturel peut se décomposer en deux mondes : le monde vivant (c'est-à-dire tous les éléments vivants) et le monde minéral (c'est-à-dire les éléments non-vivants). Ils sont en relation étroite l’un avec l’autre. Alors que le monde minéral n’obéit qu’aux lois physiques, le monde vivant obéit à la fois aux lois physiques et aux lois biologiques (bio- signifie vie). Les lois biologiques impliquent la notion de naissance et de mort (L’idée de naissance est rappelée par les trois premières lettres nat- du mot nature également présentes dans les mots nation et natalité). Entre ces deux extrêmes, se fait un développement (croissance et évolution) impliquant la nutrition (alimentation et rejet de déchets). La mort ne peut exister que parce qu’il y a eu naissance et la naissance ne peut exister que parce qu’il y a la mort. Pourtant, la reproduction qui se produit entre les deux parvient à résoudre un paradoxe : nous permettre de prolonger notre existence, sous une autre forme, après notre disparition.L’humain est donc un être vivant et plus précisément un animal et il obéit aux mêmes règles fondamentales que tous les autres. Il existe parce qu’il a des caractéristiques qui favorisent justement son existence. Il cherche à se multiplier (se reproduire), coloniser l’espace et le temps. Il cherche à s’implanter dans les milieux les plus vastes possibles. Cela se traduit chez lui par une soif de découverte, une curiosité, qui le conduit jusqu’à étendre sa conquête à l’Univers.La conquête de l’Amérique par Christophe Colomb a longtemps représenté cette soif humaine de territoire. On oublie parfois rapidement que les Amériques étaient déjà occupées par les humains… Des sociétés et des humains ont évolué (parallèlement ou dans des directions opposées ?) des deux côtés de l’Atlantique, bien avant Colomb. Les ancêtres de l’humain sont venus d’Afrique et ont ensuite migré sur tous les continents qui étaient plus ou moins reliés (Les vikings, par exemple, sont passés du Groenland à l’Amérique à sec).Du temps s’est écoulé entre le moment où l’humain s’est étendu en Afrique puis en Europe, en Asie et enfin aux Amériques et en Océanie mais pas suffisamment pour que, de chaque côté des océans, se forment des espèces humaines différentes, c’est-à-dire, sur le plan scientifique, que les individus ne soient plus interféconds. Le temps a pourtant été suffisamment long pour constituer des sociétés différentes. Ce temps a-t-il été assez long pour créer des races différentes ?Devant les horreurs provoquées par le racisme et la xénophobie du XXe siècle et des siècles précédents, l’occident a décidé d’interdire la notion de « race » chez l’humain en la rendant taboue. Malheureusement, comme tout tabou, l’idée interdite, si elle ne doit pas être prononcée, n’a jamais cessé d’exister. Pire, toute personne invoquant l’idée interdite est accusée d’anathème sans qu’il soit possible d’argumenter en sa faveur ou en sa défaveur. L’idée interdite a donc continué de prendre de l’ampleur, mais toujours de manière cachée, puisque taboue. Rendre une idée taboue ou interdite est peut-être le meilleur moyen d’allonger sa durée de vie. Un peu comme la prohibition n’a jamais permis de lutter vraiment contre l’alcoolisme.Du coup, les gens n’ont pas le droit de dire autre chose que les races humaines n’existent pas, sans même savoir l’argumenter, y compris pour ceux qui en sont convaincus. Il faut dire que les explications scientifiques ne sont pas des plus simples à comprendre. Pire, le simple fait d’aborder ce sujet, comme je le fais en ce moment, peut parfois éveiller des soupçons de racisme.Alors, peut-on parler de « races » pour les humains ?Il n’existe pas en réalité de définition claire de « race ». Le dictionnaire nous dit qu’
une race est une subdivision de l’espèce, constituée d’individus ayant des caractères héréditaires communs. La définition est tellement floue qu’on pourrait considérer qu’une fratrie correspond à une race différente de la fratrie de la maison voisine ! Et en même temps considérer que tous les êtres humains sont de la même race. Cette définition est tellement floue qu’elle permet à la fois d’affirmer que tous les chiens (golden, labrador ou caniches) sont de la même race et en, même temps, qu’ils sont de races différentes !Il n’est donc pas objectivement possible de dire si le terme de race peut s’appliquer aux humains ou non. Tout dépend de la façon de préciser la définition. Cependant, pour ne pas être accusé de racisme, la plupart des auteurs scientifiques ont joué de rhétorique pour indiquer que ce terme ne se prêtait pas aux humains et ont préféré réserver ce terme aux espèces domestiquées (chien, chat, vache, chevaux,...) pour lesquelles une sélection artificielle réalisée par les humains a permis de créer des groupes avec de fortes similitudes chez les individus de la même race et d’assez fortes différences avec la race voisine.La notion de race s’applique d’ailleurs également aux végétaux sélectionnés pour lesquelles elle prend le nom de variété. Si on considère donc que seule une sélection artificielle faite par l’humain peut permettre de créer des races. A l’évidence, il n’existe pas de races chez les humains.Mais on peut se poser légitimement la question de savoir si la sélection naturelle qui s’est faite sans l’intervention humaine depuis des dizaines de milliers d’années ne serait pas suffisante pour avoir créé des races humaines.Il est important à ce stade de préciser qu’affirmer que les races humaines existent n’est pas la même chose que d’affirmer que certaines races sont supérieures à d’autres.Les découvertes récentes liées à l’avancement très rapides des recherches en génétique a permis de mettre en évidence des « haplogroupes » au sein de l’ADN. Ces haplogroupes permettent de déterminer les grands mouvements migratoires ayant conduit à la formation de la population humaine mondiale. Ces haplogroupes peuvent laisser penser que des humains appartenant au même haplogroupe, possède plus de points communs entre eux que les humains appartenant à d’autres haplogroupes. Dès lors, on peut être tenté de penser que ce que les scientifiques appellent haplogroupes correspond à ce que d’autres appellent « races ». C’est une erreur car les haplogroupes sont définis à partir du chromosome Y uniquement pour les lignées masculines. Un chromosome transmis presque tel quel de père en fils depuis nos plus lointains ancêtres. Ce sont les rares petites modifications, des erreurs de copies qu’on appelle mutation, qui se sont accumulées qui permettent de retracer le déploiement de la population humaine sur Terre depuis ses débuts. C’est donc qu’une toute petite partie de nos caractéristiques qui sont prises en compte. Un seul chromosome sur quarante-six. Ce sont justement les autres chromosomes qui permettraient de mettre en évidence les brassages de population grâce aux croisements que constitue chaque accouplement d’un homme avec une femme.Ce n’est pas beaucoup mieux pour la lignée féminine où on s’appuie sur l’ADN des mitochondries qui est livré presque tel quel de mère en fille depuis nos plus lointaines ancêtres.
Dans tous les cas, les haplogroupes peuvent, certes, permettre de retracer les mouvements de population mais on constate qu’il n’y a pas de barrière franche sur le plan génétique entre un groupe humain et un autre.
Depuis que les moyens de transports (bateaux, avion, etc.) se sont développés (vers 1500 ap. J-C), un brassage des populations et de leurs gènes, le métissage, est encore plus fort et le peu d’arguments qu’il y aurait encore pu y avoir en faveur de l’idée de « race » humaine, est dissout. On peut imaginer de nombreux critères pour classer les humains dans des groupes. Il y a bien sûr les éléments les plus visibles comme la couleur de peau, des cheveux ou des yeux mais il y a aussi les groupes sanguins, la forme des oreilles ou du nez, la longueur des jambes ou l’épaisseur des sourcils.Si les races existaient, quelque soit le critère retenu, les mêmes personnes se retrouveraient toujours ensemble dans les mêmes groupes. Ce qui n’est pas le cas. Si vous faites des groupes basés sur la couleur des cheveux par exemple, vous vous retrouverez peut-être dans le même groupe qu’une personne qui sera dans un groupe différent si on se base sur le groupe sanguin. Si vous devez vous faire transfuser du sang, il est parfois possible que votre voisin qui a la même couleur de peau que vous soit incompatible parce qu’il est de groupe sanguin différent alors qu’une personne qui a une couleur de peau différente de vous soit compatible. Les différences les plus visibles ne sont pas forcément les plus parlantes.Malheureusement, si la notion de race ne semble pas pertinente pour parler de la nature humaine, il en est tout autre du racisme…
J.D. McDonald (2013-01-30)