Comme nous l’avons vu, il semble qu’on ne tienne compte que du milieu, des moyennes, pour évaluer si quelque chose est normal. Malgré tout une certaine diversité est autorisée. Dès lors, les gens aiment coller des « étiquettes » sur les choses et sur les gens, parce qu’ils croient que c’est plus simple. Pour beaucoup de gens, on est tout l’un, ou tout l’autre: on est gentil ou méchant, petit ou grand, intelligent ou idiot. De même dans les débats, à l’image de celui de la peine de mort, si pour tout sujet, la bonne foi voudrait qu’on accepte qu’il y ait des arguments pour et des arguments contre. La plupart des gens ont un avis assez tranché et n’accepte pas d’entendre des arguments qui vont dans un autre sens. Pire, c’est celui qui n’a pas d’avis tranché qui aura tendance à être considéré comme « faible », « hypocrite » voire « imbécile ». Pourtant, le plus intelligent sera bien l’individu qui, après avoir étudié la question, n’aura pas d’avis: il aura, à la fois, des arguments pour et des arguments contre, et il ne cherchera pas à départager. Par ailleurs, adopter ce principe d’explorer systématiquement tous les points de vue, permet de comprendre les points de vue de tous. C’est une véritable chance pour supporter ce que les gens vous disent et un point fort pour être intégré.
La rubrique du site Millefaces où un sujet est traité en 2 positionnements qui s'affrontent. (commentaire de M.F.)
Lorsqu’on affiche certaines idées d’ordre politique, les gens s’imaginent qu’on est acquis à un parti plutôt qu’à un autre. Mais alors comment fait celui qui est d’accord avec des gens de partis différents ? Et bien, celui-là passe souvent pour un imbécile, quelqu’un qui n’est pas clair ou qui n’est pas fiable. Pourtant c’est bien le plus intelligent qui est capable de prendre ce qu’il y a de bon dans chacun, sans adhérer de A à Z avec les idées d’un seul parti. Pourquoi deux personnes d’un même parti ou d’un même gouvernement, devraient toujours être du même avis ? Chacun est libre de sa pensée, non ? Il semble que les confrontations soient inévitables lorsqu’on vit en société, mais peut-être sont-elles ce qui nous fait avancer ? A l’image de l’échange suivant :« - L’homme est un loup pour l’homme. Heureusement, la société vient lui fixer des règles pour lutter contre sa nature et éviter qu’un individu soit dangereux pour un autre. Il permet que les intérêts collectifs priment sur les intérêts individuels. - Non, l’homme est naturellement bon c’est la société qui le pervertit. D’ailleurs l’homme perd sa valeur lorsqu’il est fondu dans la société. C’est la société qui tue les individus: car on ne peut pas être quelqu’un sans n’être plus personne. (dès qu’on veut se construire une identité propre, on est marginalisé: on devient quelque chose pour soi, mais plus rien pour les autres).- Voyons, un homme seul ne peut rien faire, il ne bénéficie pas du savoir-faire des autres: l’individu est plus puissant dans une société, car il bénéficie de la solidarité, de la transmission des idées, des remises en causes de soi-même en se comparant aux autres.- Regarde toutes les règles qu’impose la vie en société ? Il n’y a plus de liberté !- D’accord mais il n’y a plus d’ennui non plus.- La société bannit, exclut, rejette les “hors-normes”, ceux qui ne sont pas fondus sur le même moule que les autres !- Mais enfin, la société, c’est le bonheur de vivre ensemble !- C’est vrai, mais l’individualisme permet la créativité que l’on n’a pas à plusieurs, la particularité, la singularité, l’identité, alors que la communauté impose de s’unifier aux autres en abandonnant de sa personnalité qui est à l’origine des différences et donc du progrès.- A quoi peuvent-donc te servir ton originalité, ta singularité s’il n’y a personne pour les voir, seul sur ton île! Et de toute façon, si tu es tout seul, tu ne peux par définition plus être original ! »Comme s’il fallait confondre combattre et débattre, chacun reste campé sur ses positions, en pensant que c’est l’autre qui a tort. Alors que tous les deux ont raison !