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Comment faire de l'audience a la tele ?

PLAN DE L'ARTICLE

Attirer le spectateur

Faire du tapage

Des bandes annonces alléchantes

L’exploitation du sadisme

Des foules pour attirer des foules

Accrocher le spectateur

Utiliser l’incertitude et le suspense

Relaxer et hypnotiser

Le choix des couleurs

Fidéliser le spectateur

Les visages redondants

Se faire apprécier

Remerciements et reconnaissance

Les ressorts de la télé-« réalité »

Tous les soirs, des dizaines de millions de français ne savent plus passer leur soirée ailleurs que devant la télévision. Toute une stratégie est mise en place de la part des chaînes pour les attirer, les accrocher, les fidéliser, les utiliser et finalement les lobotomiser.

Petite revue de quelques pratiques parmi d’autres…

 

Attirer le spectateur

Faire du tapage

Toutes les raisons sont bonnes pour faire connaître une nouvelle émission, une nouvelle série, un nouveau programme…

Les grandes chaînes de télé disposent de moyens financiers considérables et de réseaux développés pour vous faire connaître leur programme : radio, journaux, affiches dans le métro, partenariats, sponsors, etc.

Dés lors qu’ils ont les supports de diffusion massifs à disposition, il ne leur reste plus qu’à les utiliser en diffusant des bandes annonces qui vous donneront envie de regarder le programme.

Depuis quelques années, les chaînes de télé ont également développé la publicité pour d’autres émissions de la même chaîne : soit par l’incruste d’animations dans un coin de l’écran, soit en passant par la bouche du présentateur.

 

Des bandes annonces alléchantes

Ces pratiques sont particulièrement bien connues lorsqu’il s’agit d’inviter les gens à regarder un match de foot ou une compétition quelconque. On parvient à nous parler de « chocs de titans » pour désigner un match d’équipes de seconde zone pour une sous-compétition, alors même que la grande coupe du monde vient de se terminer… et le pire, c’est que ça fonctionne !

Pour ce faire, on choisit volontairement les meilleurs moments (plus beaux buts…), gros plans sur les joueurs, succession d’images à très grande vitesse, quelques mots bien choisis pour crever l’écran visuellement et renforcés par des commentaires avec une voix-off bien grave et une bande sonore à vous glacer le sang Il semble que l’avenir du monde se joue ce soir sur TF1 ! Bien entendu, ces méthodes ne sont pas réservées aux émissions sportives.

Avec des moyens pareils, difficile de ne pas se laisser avoir… Alors on regarde le match ou l’émission qui nous a été présenté. L’émission se déroule et n’est pas à la hauteur de l’annonce. Un phénomène psychologique appelé « biais de choix » va alors se mettre en place et nous inviter à prolonger le moment devant le programme.

P.Johansson[1] a démontré ce phénomène en demandant à des volontaires de choisir une photo de jeune femme parmi deux. Dans certains cas, suite à un tour de passe-passe, il échangeait les photos (sans que les volontaires s’en aperçoivent) et leur donnait la photo qu’ils n’avaient pas choisie. Même dans ce cas, 9 personnes sur 10 confirmaient que la photo qu’on leur avait donnée était la meilleure des deux (ils étaient même capables de justifier ce choix qu’ils pensaient avoir fait, alors qu’on leur avait imposé, en avançant que la femme avait un regard intéressant, qu’ils aimaient les brunes, etc.)

Cette expérience montre que, à partir du moment où on a arrêté son choix, peu importe que le produit corresponde ou non à nos attentes, notre cerveau est à priori satisfait et considère que c’était le meilleur choix à faire. Voilà tout l’intérêt d’une bande annonce qui parvient à arrêter votre choix.

 

L’exploitation du sadisme

Le spectateur, tel une mouche attirée par une odeur nauséabonde, aime ralentir sur le bord de la route lorsqu’il y a un accident, pour entrevoir les victimes.

Le téléspectateur aime s’arrêter sur une émission où on lui parle de la souffrance du monde. Aussi étonnant que ça puisse paraître, il a été montré en psychologie, que de voir de la douleur procure à la fois de la souffrance et du plaisir chez la personne qui en est témoin.

D. Borsook[2] a infligé de légères brûlures (sans conséquences) à des volontaires (qui étaient libres d’arrêter quand ils le souhaitaient). Un scanner a permis de révéler une activation cérébrale de la zone responsable de la sensation douloureuse mais également une activation de la zone liée au plaisir juste avant. Lors de la vue de certaines images « gores », les deux zones s’activent mais comme le cerveau est naturellement doté d’un système qui permet de se désolidariser de la douleur d’autrui, il ne resterait, dans certains cas, que le côté agréable. Ce constat pourrait expliquer les faits de lynchage.

Ce phénomène n’explique pas uniquement le succès des films sanguinolents mais également des bonnes audiences des journaux télévisés lorsqu’une catastrophe à eu lieu dans le monde (comme le tsunami ou le séisme de Haïti). Rien d’étonnant à ce que les journaux maintiennent ce genre d’événements à la une pendant plusieurs jours alors qu’aucune nouvelle information n’existe sur le sujet.

 

Des foules pour attirer des foules

Le phénomène d’ « influence sociale » est utilisé dans les domaines de la pub et des sondages notamment.

PAGE INTERNET

FLECH: La manipulation par la pub (par M.F.)

 

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FLECH: Ces chiffres qui vous manipulent (par M.F.)

 

Lorsqu’on sait que quelque-chose est populaire (c’est à dire que les autres l’apprécient), on l’apprécie soi-même davantage comme pour se conformer aux goûts de la majorité.

C’est la raison pour laquelle les chaînes se vantent souvent de leurs bonnes audiences. C’est aussi la raison pour laquelle, lorsqu’une série est diffusée en plusieurs épisodes, on n’hésite pas à vous dire que le 1er épisode a été un succès pour vous inviter à regarder le 2e . Vous ne voudriez surtout pas manquer un truc aussi bien que tant de gens regardent ? On a aussi la curiosité d’aller voir ce qui a autant de succès. On se dit que si autant de gens aiment, c’est que ça doit être bien.

Ceci explique la raison pour laquelle, avant même que « les ch’tis » soit sorti au cinéma dans la France entière, c’était déjà un succès programmé. La radio parlait déjà d’un énorme succès de ce film dans la région Nord-pas-de-Calais où il était sorti en avant-première (rien d’étonnant à ce que les ch’tis aient envie d’aller voir un film qui parle d’eux et qui est fait par l’un d’eux). Cela a suffi à entraîner la curiosité du reste de la France. Le tapage médiatique et le « biais de choix » se sont accumulés et ont suffi à faire de ce film un succès.

 

Accrocher le spectateur

Utiliser l’incertitude et le suspense

Le suspense est souvent utilisé dans les émissions de jeux ou les séries au moment d’envoyer la publicité. Ceci afin de vous inciter à rester devant l’écran pour ne pas manquer le moment où l’émission va reprendre.

Mais l’objectif du suspense, comme dans « Qui veut gagner des millions ? » n’est pas seulement celui-là.

Les neurobiologistes A.Dagher & co[3] ont placé des volontaires dans un scanner et leur on fait procéder à des tirages de cartes pouvant entraîner dans un cas une récompense financière prévisible (1$ toutes les 4 cartes) et dans un autre cas de manière imprévisible (les récompenses pouvaient venir à n’importe quel moment). Des quantités importantes de dopamine ont été produites dans le cas des volontaires placés en situation d’incertitude, or, la dopamine est l’hormone du plaisir (produite lors d’un rapport sexuel, lors d’un bon repas, etc.). Ce phénomène peut expliquer le succès des jeux comme le Poker ou tout autre jeu provoquant des dépendances (la dopamine pouvant devenir une drogue). L’émission « à prendre où à laisser » dont le concept est d’une désespérante simplicité et d’une créativité dérisoire, base tout son succès sur ce fonctionnement biologique.

Le fait de procurer une émotion positive à une personne, l’incite à nous apprécier davantage et à nous rester fidèle. Ceci explique le développement de séries à rallonge (X-Files, Lost, etc.) où des énigmes extraordinaires sont posées et où on nous propose la solution dans un prochain épisode, qui à son tour le renvoie au suivant et qui finalement n’arrive jamais ou est particulièrement décevante. C’est aussi le cas, des émissions de télé-crochet dans lesquels un grand suspense est organisé autour de l’élimination d’un candidat.

 

Relaxer et hypnotiser

Après une longue journée de travail, on a en général envie de se relaxer. La télé nous le propose, R.Kubey et M.Csikszentmihalyi[4] l’ont montré. Ils ont confié des boitiers récepteurs à des volontaires qui devaient les porter à la ceinture et devaient indiquer leur activité et comment ils se sentaient (relaxation tension, émotions, etc.). Chaque fois qu’un signal leur était envoyé. La collecte des données a révélé qu’en moyenne, les participants décrivaient des états de relaxation plus importants lorsqu’ils regardaient la télé.

Lorsque les téléspectateurs doivent s’extraire du petit écran, ils doivent quitter un état de relaxation (bien-être) pour faire face à de nouvelles tensions (faire à manger, le ménage, marcher, etc.), c’est la raison pour laquelle cela se fait souvent avec réticence.

La relaxation se fait à la télévision par une succession rapide d’images (bien plus rapides que dans la vie réelle) comme l’a montré l’expérience de A.Lang[5].

A.Lang a mesuré la fréquence des battements cardiaques de téléspectateurs en train de regarder divers programmes contenant des changements de plans qui intervenaient à différents intervalles de temps (de quelques fractions de secondes à quelques dizaines de secondes). Les plus fortes baisses de la fréquence cardiaque étaient enregistrés avec les changements de plan les plus rapides. Ces changements du rythme cardiaque étant le signe d’une plus grande attention (l’expérience a révélé que les spectateurs mémorisaient mieux le contenu du programme dans ce cas).

Voilà pourquoi dans les pubs, les émissions de variétés, certains films ou feuilletons, les plans se succèdent aussi rapidement.

 

Le choix des couleurs

Les couleurs sont associées à des émotions. Le rouge est intimidant alors que le bleu est relaxant.

R.Hill et R.Barton[6]ont étudié les effets du rouge sur les combats d’arts martiaux et ont constaté qu’un combattant vêtu de rouge a statistiquement plus de chances de remporter le combat que s’il est vêtu de bleu.

Cette étude a été répétée lors de l’Euro 2004 (foot). Il a été constaté que les équipes portant habituellement un maillot rouge gagnaient moins souvent lorsqu’elles portaient un maillot d’une autre couleur que lorsqu’elles portaient leur maillot rouge.

Il semble donc que le rouge impressionne l’adversaire. Il est associé chez l’Homme à la colère, et chez les autres animaux on constate que plus un animal a une forte pigmentation rouge, plus il a une position de domination élevée. Lorsque nous voyons un adversaire en rouge, notre cerveau en déduirait que l’adversaire a un fort taux de testostérone et est par conséquent plus agressif.

Rien d’étonnant à ce que Laurence Boccolini paresse dominatrice et peu féminine lorsqu’elle apparaît sur fond rouge dans « le maillon faible », même remarque pour « zone rouge » ou « Mot de passe ».

G.Gorn[7] a placé des personnes devant des écrans où apparaissaient l’inscription « Veuillez patienter ». Dans un cas, l’inscription était sur fond bleu, dans l’autre cas sur fond jaune ou rouge. La durée d’attente étant la même dans les deux cas. Ensuite les participants ont répondu à un questionnaire leur demandant d’évaluer le temps d’attente (sur une échelle de 1 à 9) et d’indiquer comment ils s’étaient sentis durant l’attente (énervés, tendus, neutres, etc.). Les résultats ont montré que les participants avaient trouvé l’attente plus rapide devant l’écran bleu que devant l’écran jaune ou rouge et qu’ils s’étaient sentis davantage relaxés.

Ceci peut expliquer l’omniprésence du bleu dans les émissions de TF1 (notamment le JT) et l’effet relaxant des émissions parlant de la mer.

 

Fidéliser le spectateur

Les visages redondants

Un phénomène dit de « simple exposition » a été montré en psychologie. Lorsqu’on est confronté plusieurs fois au même visage, à la même chanson, à la même logique, on finit par l’apprécier davantage.

R.Zajonc[8] a montré à des groupes de volontaires des cartes sur lesquelles étaient inscrits des mots turcs qu’ils ne connaissaient pas. Selon les groupes, les mots turcs étaient présentés 1, 2, 5, 10 ou 25 fois. Plus tard il a demandé à ces volontaires d’indiquer si, selon eux, les mots aperçus désignaient plutôt des concepts négatifs ou des concepts positifs. Il a été constaté que les volontaires ayant vu un mot un grand nombre de fois, associaient davantage une connotation sympathique au mot et aimaient le regarder, contrairement aux autres.

Ce phénomène peut expliquer le phénomène de matraquage expliqué plus haut lorsqu’on veut vendre un produit, une politique, une chanson, une mission, un acteur… Il n’y a donc pas de raison de s’étonner si des artistes comme P.Timsit ou D.Boon, qui sont les invités redondants de certaines émissions telles que « les enfants de la télé » soient populaires et que le public soit tenté d’aller voir leurs films sans se poser de questions. L’effet est un cercle vicieux : ces émissions invitent toujours les mêmes personnes qui, du coup, deviennent populaires et donnent envie de regarder l’émission la fois suivante où ils seront encore invités.

En regardant certaines émissions, où on retrouve toujours le même groupe de personnalités, on finit par avoir l’impression d’être membre d’une sorte de famille à laquelle on veut être fidèle. C’est le cas de l’équipe d’Arthur, de L.Ruquier, de P.Bouvard, de W.Leymergie, de S.Davant, de M.Biraben, etc.

Sur certaines chaînes, les invités popularisés par une émission, sont invités dans d’autres émissions pour les populariser à leur tour.

 

Se faire apprécier

Selon des études de psychologie, le fait d’être regardé par un grand nombre de personnes pousserait les gens à être généreux et à se sacrifier pour autrui, ce qu’ils ne font pas lorsque le regard n’est pas braqué sur eux. Il ne s’agit pas d’un véritable sacrifice, puisque l’image de la célébrité en sort grandie.

C’est ce que montre l’expérience de R.Kurzban[9]: il a demandé à des volontaires de participer à un jeu de société sur internet. La possibilité est donnée à des joueurs malins de tricher. Mais le concepteur donne également la possibilité aux joueurs de punir les tricheurs. Deux versions ont été créées, dans l’une, le nom du justicier qui punit le tricheur s’affiche sur l’écran des autres joueurs. Dans le second cas, il reste dans l’anonymat. Les résultats montrent que les joueurs se donnent la peine de punir les tricheurs et donc de rendre justice de manière bien plus fréquente dans le cas où leur nom s’affiche que dans le cas où leur bon geste reste anonyme.

Contrairement à ce que beaucoup de gens croient, les enfoirés qui participent aux restos du cœur ne sont pas de généreuses célébrités qui font un effort de bénévolat. Ce sont des privilégiés qui ont eu la chance d’être sélectionnés par J-J.Goldman pour figurer à l’affiche d’un concert qui leur fera de la publicité. J-J Goldman a lui-même expliqué qu’il recevait beaucoup de demandes de célébrités désirant faire partie des « enfoirés » mais qu’il était obligé d’en refuser un grand nombre. Le but du spectacle étant de faire un maximum d’audience pour récolter des fonds, le critère retenu pour sélectionner les enfoirés, est d’avoir vendu 1 million d’album dans l’année écoulée. Nous aurons tous constaté qu’être ami de J-J. Goldman ou être un habitué permet d’échapper à cette règle.

C’est exactement pour les mêmes raisons qu’on rencontre fréquemment des stars dans les jeux télévisés (Qui veut gagner des millions, La ferme des célébrités, etc.) qui jouent pour faire gagner de l’argent à une association.

 

Remerciements et reconnaissance

Ce procédé est particulièrement connu mais n’en est pas moins efficace : il s’agit de donner au public ce dont il a besoin : c’est à dire de la confiance en lui.

Concrètement, on ne cesse de lui faire des compliments en lui expliquant qu’il a fait un bon choix en regardant cet émission (on sous-entend au passage qu’il est intelligent), on le remercie pour sa fidélité (celui qui passait par hasard va finir par se sentir obligé de revenir à l’émission parce qu’on lui a collé l’étiquette de fidèle, selon l’effet Pygmalion) et de manière générale, on le caresse dans le sens du poil. Par exemple, la mère au foyer s’entend dire tous les compliments qu’une femme active n’entendra jamais : « c’est un vrai métier, un métier difficile d’élever des enfants » déclarent les animateurs… forcément, les femmes aux foyers sont les premières de leurs clientes puisqu’elles regardent proportionnellement plus la télé que les autres !

 

Les ressorts de la télé-« réalité »

Au sens large, la télé-« réalité » regroupe les émissions de télé-crochets, les émissions de « cages à rats » (isolement du monde extérieur) et les émissions de call-tv (appels surtaxés pour gagner une somme ou faire gagner un candidat dans lequel on se reconnaît).

Certains mécanismes se retrouvent dans chacune de ses émissions :

Le principe d’identification : il s‘agit de choisir des candidats qui ressemblent aux téléspectateurs pour que ceux-ci se reconnaissent dans au moins l’un d’eux. Du coup, ils auront l’impression que l’émission parle d’eux et lorsqu’ils pensent que ce candidat qui leur ressemble peut gagner l’émission, ils pensent inconsciemment que c’est un peu eux-mêmes qui la gagneront, quitte à dépenser beaucoup d’argent dans des appels ou SMS surtaxés.

 

Le gain accessible : Dans les émissions de jeux type « call TV » où on pose des questions ultra-faciles et où on fait croire que la somme à gagner est facile d’accès. On utilise les gagnants précédents pour montrer que « ça n’arrive pas qu’aux autres », sauf qu’en proportion, peu de gens gagnent sur le nombre de gens qui payent pour jouer. Il s’agit du principe de base du loto. Les humains ont une tendance à surestimer leurs chances de gagner aux jeux par rapport à la réalité. On parle de «biais d’optimisme » démontré par J.Chambers & co. En effet, ils ont demandé à des volontaires d’estimer la probabilité que des événements (favorables ou défavorables) leur arrivent (en évaluant sur une échelle de -4 à +4) par rapport aux autres. Les événements défavorables sont sous-estimés et les événements favorables surestimés, et ceci d’autant plus quand ces événements sont peu probables ! Cette logique est pleinement exploité dans les émissions de télé-crochet où on fait croire qu’il est possible à n’importe quel spectateur qui sait à peu près chanter, de devenir un jour le grand gagnant.

 

Le gain important : Dans les émissions des chaînes privées (qui ont suffisamment d’argent pour se le permettre) le gain potentiel est important. Une émission aura tendance à davantage attirer de téléspectateurs lorsque l’enjeu est grand (gagner 100 000 euros) que lorsqu’il est faible (gagner un dictionnaire).

 

La récurrence des candidats : dans les émissions de télé-« réalité », on voit d’un jour sur l’autre, d’une semaine sur l’autre, voire d’un mois sur l’autre, les mêmes visages et les mêmes personnalités auxquelles on finit par s’attacher. C’est encore l’effet de « simple exposition » présenté plus haut.

 

Le barnum : Barnum était un entrepreneur de spectacle américain qui a fondé une société de cirque. Il aurait dit à un journaliste qui le critiquait : « Peu m'importe ce que vous racontez sur moi, du moment que vous épelez correctement mon nom ! ». En clair, ce qui est important pour avoir du succès, ce n’est pas d’avoir de bonnes critiques mais d’avoir des critiques. C’est la raison pour laquelle, à l’image de Barnum, les chaînes de télé font le cirque pour qu’on parle de leurs émissions. L’organisation de dérapages, de polémiques, de moments choquants dans les émissions, notamment de « cages à rats » (loft story, secret story, etc.) permettent à l’émission de faire parler d’elle (même en mauvais termes) et incitent les gens curieux à la regarder pour comprendre les critiques qui ont été émises : « Voilà une émission où il se passe quelque-chose ! ».

 

« C’est rien, ce n’est que de la télé »  diront certains. Elle est là pour nous divertir. Si seulement… Beaucoup de gens n’utilisent que ce moyen pour s’informer, pour savoir quoi acheter, pour s’occuper. Que dire de ces dérapages qui se multiplient, que dire de l’omniprésence des émissions, reportages, journaux d’informations et séries policières où on parle de morts et d’armes ?

R.Geen et B.Bushman[10] ont réparti des volontaires en 2 groupes : l’un devant un film violent, l’autre devant un film neutre. On a ensuite demandé à ces volontaires de faire une liste des pensées qui leur venaient à l’esprit. On a constaté que le 1er groupe citait beaucoup plus de pensées agressives (même sans rapport avec le film) que le second. C’est donc prouvé : voir des images violentes rend agressif.

Les psychologues R.Huesman et L.Eron[11] ont répertorié les émissions préférées de 856 enfants âgés de 8 ans et ont évalué le degré de violence de ces émissions. Ils ont ensuite fait remplir des questionnaires à ces enfants, leurs parents et d’autres enfants. Il est apparu que plus un enfant a vu d’émissions violentes, plus il se livre lui-même à des actes violents dans la vie réelle, et ce jusqu’à son passage à l’âge adulte.

Ils ont également montré que les garçons ayant été exposés à une forte dose d’émissions violentes ont généralement un casier judiciaire plus chargé à 30 ans.

R.Liebert et R.Baron[12] ont montré que des enfants confrontés à des films violents banalisaient cette violence et éprouvaient moins de répulsion à commettre des actes violents ou d’y assister.

Lorsqu’on voit les choses sous cet angle, la télé n’est plus un divertissement, c’est un crime.

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NEOPOLIS: Pour un véritable engagement citoyen du CSA. (par M.F.)

 



[1] Science 310 « failure to detect mismatches between intention and outcome in a simple decision task »

[2] Neurosciences letters 392 « Noxious heat induces fMRI acyivation in 2 anatomically disctincts clusters within the nucleus accumbens »

[3] The journal of neurosciences 24 « Dopamine transmission in the human striatum during monetary reward tasks »

[4] The public opinion quarterly 45 « Television and the rest of life »

[5] Journal of Broadcasting 43-44

[6] Nature 435 « Red enhances human performances in contests »

[7] Journal of marketing research 41 « Waiting for the web »

[8] Journal of personality and social psychology 9 « Attitudinal effects of mere exposure»

[9] Audience effects on a moralistic punishment » Evolution and Behavior 28 

[10] Journal of personality and social psychology 58 « Role of cognitive-emotional mediators and individual differences in the effects of media violence on aggression»

[11] Am.Psychol 27 « Does television violence cause aggression ?»

[12] Television and social behavior « Short term effects of TV aggression on children’s aggressive behavior»

dossier élaboré par M.F. (2010-01-30 - mise à jour du 06-07-2010)

 

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