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Journalisme: l'incompetence au pouvoir !

PLAN DE L'ARTICLE

Du rôle d’informer au besoin de faire de l’audience.

L’information de proximité

La saturation émotionnelle

On ne croit que ce qu’on voit

La saturation et la rapidité de l’information

Le syndrome du « tout le monde, il est méchant ! »

Le journaliste prend le pouvoir.

Du narcissisme qui transforme la subjectivité en objectivité

De l’interrogatif à l’affirmatif

Le poids des gestes

Le journaliste en position dominante

Une société sculptée par les journalistes.

Un appauvrissement du raisonnement citoyen

La destruction du politique

Le mal-être humain

Actuellement en France, une majorité de citoyens prennent connaissance des informations à travers le média audiovisuel. Or, à la télévision, la locomotive du journalisme est toujours, en termes d’audience, le journal de TF1. TF1 est une chaîne privée, dont la véritable vocation est d’être lucrative pour inonder ses actionnaires. TF1 cherche donc à attirer un maximum de téléspectateurs car cela lui permet d’assurer une bonne visibilité des publicités et donc une bonne manne financière. Ne pouvant rester de marbre, et la course à l’audience se faisant, les autres chaînes cherchent à leur tour à employer les mêmes moyens sournois pour faire de l’audience.

Du rôle d’informer au besoin de faire de l’audience.

L’information de proximité

Les journalistes se concentrent sur des faits qui vont toucher les spectateurs : il ne s’agit pas de les faire « réfléchir » mais de les faire « ressentir ». C’est la raison pour laquelle l’information est rapprochée du citoyen. J-P Pernaut multiplie les reportages en régions. En psychologie, le phénomène du « mort kilométrique » a été démontré : on est plus « touché » par un mort dans une famille française que par 100 morts à l’autre bout du monde. Plus un drame est physiquement proche du spectateur, plus le journaliste va y accorder d’importance.

Le psychologue J-P Leyens[1] a fait lire à des volontaires belges un article de presse relatant un incendie. Le texte disait « L’incendie a réveillé toute la rue. La maison des X brulait. Les pompiers se sont acharnés, parfois avec imprudence, pour sauver les enfants. Les cris de la mère appelant son petit dernier étaient insupportables. » Dans un cas, il précisait que le drame avait eu lieu dans une ville de Belgique ; dans l’autre, il annonçait que cet incendie s’était produit en Grande-Bretagne. Puis il a proposé aux participants de décrire les émotions qu’avaient pu ressentir les victimes. Dans le cas où celles-ci étaient belges, les termes les plus cités étaient : tristesse, douleur, colère, peur (correspondant à des émotions primaires, que même un animal peut ressentir) mais également chagrin, culpabilité, regret et désespoir (émotions secondaires, spécifiques à l’être humain) alors que dans le cas de victimes britanniques, seuls les termes douleur tristesse, colère et peur (émotions primaires) revenaient.

S.Lyngar et K.Hahn ont fait visionner à des volontaires des reportages consacrés aux désastres de l’ouragan Katrina à la Nouvelle-Orléans. Dans un cas, le reportage montrait un américain blanc en train de reconstruire sa maison au milieu des ruines, dans l’autre cas c’était un américain noir. A l’issue du visionnage, un questionnaire a pu montrer que les volontaires exprimaient une volonté d’aide financière supérieure et une critique plus forte contre les autorités fédérales dans le cas où la victime était blanche que dans le cas où elle était noire.

Cette expérience montre, qu’il n’y a pas que la distance qui joue dans l’implication émotionnelle du spectateur mais également la ressemblance physique.

 

L’Homme possède beaucoup de caractéristiques qui lui ont permis de survivre à la préhistoire et qui n’ont pas encore eu le temps biologique de disparaître. A l’époque, il était important pour assurer la survie dans des conditions austères d’un maximum d’individu de la tribu, de se tenir au courant de ce que devenait chacun. Faire du commérage sur le voisin permettait de s’efforcer d’avoir de ses nouvelles et donc de s’assurer qu’il n’était pas en danger et vivait encore. Ainsi, dès qu’une personne du clan était en danger, toute la tribu le savait et lui venait en aide pour sa survie. Cette adaptation de nos ancêtres existe encore chez nous. Elle correspondrait à l’attrait pour les potins, les ragots, le voyeurisme. C’est encore une capacité pleinement exploitée par les journalistes lorsqu’ils développent des informations « people ».

R.Dunbar[2] a mis en évidence que chez les primates, plus la taille du cerveau est importante, plus la taille des groupes dans lesquels ils vivent comprend d’individus. Chez l’Homme, qui a le plus gros cerveau, la taille du groupe devrait être d’environ 150 individus. Comme il est difficile de maintenir des liens personnels avec 150 individus, l’apparition du commérage permettrait de faire le lien sans qu’il y ait un contact physique et permettrait d’élargir la tribu de 150 têtes d’humains à l’ensemble des humains de notre civilisation (occidentale).

 

La saturation émotionnelle

E.Dunn[3], psychologue a demandé à des volontaires de s’imaginer quel serait leur degré d’émotion s’ils apprenaient dans les médias que quelques personnes avaient trouvé la mort dans un accident, ou s’ils apprenaient qu’un cataclysme avait enlevé la vie à plusieurs milliers d’êtres humains. Les volontaires ont logiquement prédit qu’ils éprouveraient bien plus de peine dans le second cas. Pourtant, lorsqu’elle leur a fait lire des articles de presse concernant d’une part, la mort d’un couple ou de jeunes dans un accident et d’autre part, une catastrophe naturelle ayant fait des milliers de morts, des questionnaires visant à évaluer l’intensité des émotions ressenties ont montré que le degré de tristesse ou de détresse était identique dans les deux cas. Le cerveau présente un seuil maximum au-delà duquel il ne « rajoute plus d’émotion ». Le malheur n’est pas proportionnel au nombre de victimes et un fait divers impliquant un faible nombre de personnes est parfois même plus efficace car il permet au spectateur de mieux se représenter les victimes, voire de s’imaginer vivre le malheur avec elles.

Le développement des émissions donnant la parole aux auditeurs ou des « micro-trottoirs » où on demande l’avis du citoyen croisé dans la rue, sur n’importe quel thème, est de cette logique qui consiste à « rapprocher » l’information du citoyen. Le téléspectateur a un peu l’impression d’être lui-même interrogé.

 

On ne croit que ce qu’on voit

Lorsque nous essayons de nous représenter la probabilité qu’un événement arrive, nous rassemblons à toute vitesse des images mentales liées à cet événement et plus nous trouvons d’images mentales, plus nous jugeons l’événement susceptible d’arriver. En d’autres termes, plus la télévision ou la presse nous présentera de faits divers impliquant des incendies, des cataclysmes, des crimes, plus nous aurons des images mentales de ces événements et plus nous jugerons ces événements susceptibles de se produire. On parle d’heuristique de disponibilité. C’est la raison pour laquelle les gens surestiment fortement la probabilité de se faire agresser dans la rue ou que leur enfant soit victime d’un pédophile par exemple.

C.Keller & Co[4] ont distribué à des volontaires des notices d’informations sur des risques d’inondation dans la région. Dans un premier cas, la notice présentait des événements sur les 30 dernières années alors que dans le second cas, elle présentait les événements sur une durée d’un an. La 1ere version présentait donc plus d’images de sinistres que la seconde version, alors même que les risques de sinistres par unité de temps était la même. Les volontaires ayant reçu la 1ere version ont jugé les risques bien supérieurs à ceux qui ont reçu la seconde version : Ils avaient plus d’images mentales pour se représenter les risques, ils les ont donc surestimés.

C’est pour cette raison que les journalistes ont une forte influence sur l’opinion d’une population lorsqu’ils décident plus ou moins volontairement de pratiquer le matraquage d’images.

Ce phénomène peut également s’observer sur les idées. Une contre-vérité ou un mensonge répété plusieurs fois finit par devenir une vérité dans la tête de nombreux auditeurs. Certains hommes politiques en abusent avec la collaboration des journalistes qui les laissent, sciemment ou non (auquel cas, ils sont incompétents), proférer des contre-vérités. Parmi les plus fréquentes actuellement, on peut citer le fait de payer plus d’impôts qu’ailleurs, le fait de travailler moins qu’ailleurs ou encore le fait que les enfants qui naissent aujourd’hui vivront plus longtemps que leurs parents (comme si l’allongement de la durée de vie était irréversible), etc. Aucune donnée chiffrée ou étude scientifique n’affirme une seule de ces idées, au contraire. Pourtant beaucoup de gens y croient parce qu’elles sont répétées sans cesse dans les médias.

DOCUMENT VISUEL

Productivité en Europe (par Growningen Growth and Developpment center)

 

DOCUMENT VISUEL

Fiscalité en Europe (par Commission européenne)

 

 

La saturation et la rapidité de l’information

Nous sommes actuellement saturés d’informations. Les journaux télévisés, les chaînes d’informations, les journaux radiophoniques, la presse, internet, les revues de votre banque, de votre mutuelle, de votre assurance, etc. contribuent à cet excès d’information.

Il devient difficile de faire le tri et cet excès d’information nous « épuise » et nous empêche de prendre du recul par rapport à ce qu’on lit ou ce qu’on entend.

Les informations se succèdent à très grande vitesse. Une information en chasse une autre. Pendant quelques jours, l’attention des français est portée sur un point précis qui devient l’obsession de tous (la grippe A, la crise climatique, la pénurie d’essence, telle ou telle réforme, le chômage, etc.) et qui soulève donc un problème considéré comme important par tous. Le lendemain, un autre événement lui succède et on oublie aussi vite le problème qui nous obsédait la veille. Les journalistes choisissent le sujet « préoccupation numéro 1 » des français. On parle d’ « effet d’agenda ». Les journalistes peuvent notamment commander des sondages sur un sujet pour mettre ce sujet à l’ordre du jour.

Quand on sait que les français ont tendance à associer à chaque parti politique sa spécialité : il suffit en période d’élection de produire un matraquage sur un thème pour influencer les résultats : la violence et l’insécurité pour faire monter la droite, les étrangers pour faire monter l’extrême droite, le social pour faire monter la gauche, l’environnement pour faire monter les écologistes, etc.

 

D.Gilbert & Co[5] ont fait lire à des volontaires un texte décrivant Monsieur X. Ils ont ensuite présenté à ces volontaires une série d’informations inventées donnant une image négative de Monsieur X d’une part et des informations réelles liées au texte d’autre part. Les volontaires devaient dire pour chaque information si elle leur semblait vraie ou fausse. A un premier groupe de volontaire, on donnait le temps de répondre à chaque question alors qu’à un second groupe, il était demandé de « lire chaque information le plus vite possible et de s’efforcer à la comprendre ». L’expérience a révélé que le second groupe a cru une majorité d’informations fausses et avait donc une image négative et faussée de Monsieur X alors que les volontaires du 1er groupe avaient une image beaucoup plus juste de Monsieur X.

Plus l’information va vite, plus on croit des erreurs. Que penser alors des consignes qui sont données dans les rédactions des journaux TV de faire des reportages courts pour pouvoir traiter un maximum de sujets dans 30 minutes de journal ?

Ce phénomène est d’autant plus efficace lorsqu’il joue sur une image négative que lorsqu’il joue sur une image positive…

 

Le syndrome du « tout le monde, il est méchant ! »

Qui n’a jamais remarqué qu’on parle plus souvent des trains en retard que des trains qui arrivent à l’heure ? Pourquoi les faits divers criminels occupent-ils une si grande place dans les journaux alors que les crimes et délits ne représentent que 5 à 6% de la population sur un an (chiffres de la direction centrale de la police judiciaire) ?

Une information négative se vend mieux qu’une information positive. D’autant plus que l’information négative véhicule généralement une peur (peur de ne pas avoir son train, peur d’être agressé, etc.). Elle fait appel à l’instinct primitif de l’humain qui, comme chaque animal, accroit son attention quand il s’agit d’éviter un danger.

Dès lors, on comprend mieux l’étrange ressemblance entre le générique du journal de TF1 et le générique des dents de la mer.

DOCUMENT VIDEO

Du générique des dents de la mer au générique de TF1 (par "On va s'gêner" (Europe 1))

 

 

Les études scientifiques ont montré récemment que les sensations de souffrance et de plaisir vont de pair dans le cerveau. Cela peut paraître paradoxal et pourtant…

D.Borsook[6] a infligé de légères brûlures à des volontaires au moyen de plaques métalliques fixées sur la paume de leurs mains. Parallèlement, il a mesuré leur activité cérébrale dans un scanner. L’activation de zones cérébrales classiquement responsables de la sensation douloureuse était accompagnée de l’activation d’une zone liée au plaisir (le noyau accumbens). Cette zone était d’ailleurs la première à s’activer. Ce phénomène biologique semble donc prouver l’existence d’un sadisme (ici d’un sado-masochisme) chez l’humain, qui expliquerait l’attrait pour la souffrance des autres.

Les journalistes exploiteraient ce phénomène pour faire de l’audience, de même que les scénaristes et les programmateurs de chaînes qui multiplient les séries policières dans lesquelles on peut exploiter à fond cette tendance.

 

Le journaliste prend le pouvoir.

Du narcissisme qui transforme la subjectivité en objectivité

Sous couvert d’une prétendue objectivité et d’une liberté d’informer, les journalistes posent en réalité les questions qu’ils veulent. Ils prétendent être impartiaux et pensent souvent l’être alors même qu’ils ne le sont pas. Ils se pensent assez bons pour être capables de traiter un sujet sans que leur opinion personnelle n’ait eu d’influence. En tant qu’humain, comme tous les autres, ils ne sont pas dépourvus d’opinions. En tant qu’humain, comme tous les autres, ils ne peuvent donc pas être objectifs. Ils sont obligatoirement guidés, souvent inconsciemment, par leurs idées personnelles et cela se traduit dans les questions qu’ils posent, les reportages qu’ils font, l’ordre des informations qu’ils donnent, la durée de traitement de chacune d’entre elles. Le fait même d’aborder un sujet est, en soi, déjà subjectif.

Il n’est donc pas question de faire le procès des journalistes pour manque d’objectivité puisqu’il est impossible d’être objectif en étant humain. Il s’agit juste de dénoncer une tromperie sur la marchandise. Il existe des journaux d’opinions qui l’assument et des journaux d’opinions qui prétendent ne pas l’être.

Le véritable problème est peut-être que les journalistes qui se prétendent objectifs ne se considèrent pas comme de simples humains mais supérieurs aux autres. Le journalisme souffre de narcissisme. C’est particulièrement vérifié chez les journalistes de la télévision pour lesquels la course aux chiffres les amène tous les jours à constater qu’ils sont suivis par des millions de téléspectateurs. Comment ne pas se sentir supérieur quand on a des millions de gens qui boivent tous les jours nos paroles et les prennent pour la seule et unique vérité ?

Dans ce contexte, il leur est très difficile de prendre du recul et il n’y a rien de surprenant à ce qu’ils soient totalement incapables de se remettre en cause. D’autant qu’ils sont protégés par un corporatisme particulièrement fort. Dès que l’un d’entre eux reçoit une critique, tous ses collègues viennent le soutenir.

Il suffit de faire la comparaison entre le traitement d’une prise d’otages lorsque ce sont des journalistes impliqués et lorsque ce sont d’autres citoyens français. Les téléspectateurs connaissent par cœur les noms des otages lorsqu’ils sont journalistes (Stéphane Taponnier, Hervé Ghesquière, etc.) puisqu’on leur en parle en boucle. Qui connait le nom des autres otages, ceux qui ne sont pas journalistes ? Cet exemple montre qu’ils considèrent qu’un journaliste est supérieur et donc plus digne d’intérêt que n’importe quel autre homme.

 

De l’interrogatif à l’affirmatif

Lorsqu’un journaliste pose une question, il traduit indirectement et de façon plus ou moins visible son opinion personnelle en orientant l’interview. Pire, des études ont montré que lorsqu’une question est formulée, la question a tendance à se transformer en affirmation dans la tête de l’auditeur.

M.Pandelaere et S.Dewitte[7] ont distribué à des volontaires des listes de phrases formulées soit sur un mode interrogatif soit sur un mode affirmatif. Ensuite, les volontaires devaient indiquer sous quelle forme ils avaient vu la phrase dans le 1er document. Pour de très nombreuses phrases qui avaient une forme interrogative, les volontaires ont indiqué qu’elle était en réalité en forme affirmative. En quelques minutes, une question était devenue une affirmation. Ce phénomène était particulièrement vrai lorsqu’il s’agissait d’une question facile à comprendre (Les serpents de rivières remontent-ils le courant ?) plutôt qu’une question difficile (toutes les fonctions mémomorphes sont-elles des fonctions homomorphes ?) qui, elles, restaient à la forme interrogative.

Lorsqu’un journaliste demande à un représentant du PS « Est-ce que le PS ne pratique pas la langue de bois sur ce sujet ? », l’auditeur finira par entendre « Le PS pratique la langue de bois sur ce sujet » même si l’interviewé s’en est défendu. Le sentiment que l’auditeur perçoit en fin d’interview traduit donc souvent l’opinion du journaliste qui l’a réalisé.

 

Le poids des gestes

E.Babad[8] a fait visionner à 83 volontaires des extraits vidéo où un homme politique était interrogé par un journaliste de télévision. Dans certaines de ces vidéos, le journaliste hochait la tête en signe d’approbation, souriait ou affichait une mine détendue. Dans d’autres, le journaliste fronçait les sourcils, crispait les lèvres, remuait son siège. A partir de questionnaire, E.Babad a constaté que les volontaires ayant visionné la première vidéo (où le journaliste avait des gestes positifs) avaient trouvé l’homme politique plus convainquant que les volontaires ayant vu la 2e vidéo (où le journaliste était crispé) alors même que les questions et les réponses étaient les mêmes dans les deux cas.

Quel est donc le poids des journalistes dans les résultats électoraux ? Alors même que nous avons montré dans un article précédent de Flech que lors des élections présidentielles de 2007, les médias audiovisuels étaient pro-sarkozystes.

PAGE INTERNET

FLECH: Medias sarkotiques : le totalitarisme en marche (par M.F.)

 

Que penser de Arlette Chabot qui embrasse N.Sarkozy alors qu’elle serre la main de S.Royal à la fin de l’interview entre-deux-tours de la présidentielle de 2007 ?

PAGE INTERNET

Vidéo de la fin du duel Sarkozy/Royal entre les deux tours de la présidentielle 2007 (par TF1 - Francetelevisions)

Sur cette vidéo, on peut constater lors du générique que Ségolène Royal et Arlette Chabot se serrent la main alors que Nicolas Sarkozy et Arlette Chabot s'embrassent. (commentaire de M.F.)

 

Que penser de l’image subliminale de François Mitterrand dans le générique d’antenne 2 dans les années 1980 ?

DOCUMENT VISUEL

Arrêt sur image du générique d'Antenne 2 en 1988 (par Antenne 2)

 

 

Le journaliste en position dominante

Dans les interviews, le journaliste est en position dominante. Il semble plus compétent que la personne interviewée et donne l’impression de tout connaître.

Les journalistes choisissent les questions qu’ils posent, ce sont des questions préparées et ils connaissent donc les réponses aux questions qu’ils posent. Ils peuvent donc poser des questions pour lesquelles même des personnes compétentes peuvent paraître incompétentes.

Un exemple bien connu est celui de J-J Bourdin qui interroge Ségolène Royal ou Nicolas Sarkozy en leur demandant combien de sous-marins ou de porte-avions nucléaires possède la France. Peu de personnes sauraient répondre à cette question à moins d’être spécialiste ou d’être un journaliste qui a cherché la réponse avant. J-J.Bourdin s’amuse donc à casser du politicien. La préparation de « questions-pièges » est un jeu facile et populaire mais peu honnête de la part du journaliste.

Dans ce contexte le journaliste parait compétent et, par opposition, la personne face à lui parait incompétente.

 

Les journalistes fixent l’angle sous lequel un thème sera abordé et le cadre dans lequel l’interviewé sera jugé. C’est le journaliste qui fixe les règles du jeu auxquelles la personne interrogée devra se soumettre. On parle d’ « effet de cadrage ». En effet, en choisissant de recourir à certains mots, à certaines métaphores, à certaines images, les journalistes contribuent à façonner le cadre de référence à l'intérieur duquel le débat peut se situer. Autrement dit, à travers l'effet de cadrage, le journaliste tend à suggérer au public, bien souvent sans même qu’il ne s’en rende compte, la meilleure façon d'aborder un thème et donc à orienter son jugement quant à ce thème.

Les journalistes se défendront de bonne foi de pratiquer cet effet, car ils le pratiquent souvent sans le vouloir et sans en avoir conscience.

Cet effet de cadrage vient à la suite de l’effet d’agenda décrit plus haut, qui consiste à « créer » les sujets de préoccupation des français. Il est suivi de l’effet d’amorçage qui lui détermine les critères d’évaluation généraux par la population, notamment en périodes électorales.

Ainsi, en focalisant l'attention du public sur certains faits ou enjeux, les médias accroissent la probabilité pour que ces faits ou enjeux soient utilisés par le public pour évaluer les situations et les acteurs du champ politique. Plus un sujet est visible dans les médias, plus il y a de chance pour qu'il soit présent à l'esprit des gens, et pour que ceux-ci choisissent de l'utiliser comme un critère au moment de juger les différents acteurs de l'actualité.

 

Une société sculptée par les journalistes.

Un appauvrissement du raisonnement citoyen

Le journalisme est considéré dans notre société comme un métier littéraire. En conséquence, la formation des journalistes est incomplète. Ils manquent souvent de connaissances en psychologie qui leur permettraient, partiellement déjà, d’éviter certains écueils dans lesquels ils nous précipitent trop souvent, sans même en avoir conscience et avec la meilleure foi du monde. Ils manquent souvent d’une rigueur scientifique qui leur permettrait d’éviter de laisser passer des erreurs dans leurs reportages ou leurs interviews, d’éviter des amalgames qui sont devenus une de leur spécialité.

Il n’est pas rare d’entendre un journaliste évoquer par exemple un sondage qui dit « 71 % des français considèrent  que le gouvernement a mal géré le dossier des retraites » et de le résumer en disant « 71% des français sont contre cette réforme des retraites » (alors qu’il est possible que certains français approuvent la réforme mais pas la façon dont le gouvernement l’a fait passer). Combien de journalistes laissent passer les erreurs de raisonnements de certains hommes politiques qui les pratiquent: « 3 millions de français dans la rue, c’est une minorité de français qui n’approuvent pas la réforme » (laissant croire que les 62 millions restants approuvent la réforme, en oubliant les enfants qui ne manifestent pas, les gens qui ne manifestent pas mais désapprouvent quand même, etc.).

Des journalistes à la fois formés au raisonnement rigoureux et à la fois honnêtes feraient-ils ce genre d’erreurs ? Non !

Là encore, l’être humain fonctionne selon des mécanismes apparus au cours de l’évolution. Sur une planète où les ressources sont limitées et la concurrence (avec d’autres espèces) acharnée (en tout cas à l’époque où l’homme est apparu sur Terre), il est nécessaire de fonctionner à l’économie d’énergie pour être moins dépendant des ressources. L’homme choisira donc le chemin le plus court pour aller d’un point à un autre, il en est de même pour le raisonnement (qui nécessite également de l’énergie). L’homme choisira souvent le raisonnement le plus simple (sauf si la réflexion peut lui permettre de faire des économies d’énergie plus tard).

Là-encore, les journalistes exploitent cette caractéristique en évitant au maximum de traiter les sujets complexes ou alors en les traitant de manière simplifiée (et donc souvent erronée). Un homme politique qui s’engagerait dans une argumentation chiffrée, dans la présentation de graphiques ou dans des démonstrations expérimentales se verrait aussitôt museler par les journalistes. Ils craignent de voir les spectateurs fuir (ce qu’ils feraient effectivement en masse pour se diriger vers des émissions plus idiotes qui demandent moins d’énergie à consommer) et ont peur de perdre du temps (une démonstration rigoureuse est toujours plus longue qu’un slogan simpliste, or les émissions d’informations sont construites sur le mode « rapidité » comme nous l’avons vu précédemment).

 

Pour cette raison, les journalistes cherchent à rendre l’information accessible et poussent les politiques à s’exprimer de manière simpliste et donc fausse. Ils profiteront ensuite de l’impopularité des politiciens victimes des mensonges qu’ils les auront forcé à produire, en développant et en entretenant des polémiques. Ce sont les hommes politiques qui verront leur image souffrir du désordre créé par les journalistes.

 

La destruction du politique

H.Bles et N.Schwarz[9] ont demandé à des volontaires de se rappeler 3 personnalités impliquées dans un scandale politique. Ensuite, ils leur ont demandé d’estimer le niveau de respectabilité et de fiabilité de la classe politique dans son ensemble. Les résultats ont révélé que ces personnes jugeaient la classe politique dans son ensemble peu respectable et peu fiable par rapport à des gens à qui on n’avait pas demandé de se remémorer un scandale politique.

Les raisonnements simplistes consistent à pratiquer un « effet d’assimilation », c'est-à-dire, ici, à généraliser à l’ensemble de la classe politique, la mauvaise impression donnée par quelques-uns. Les citoyens appliquent ce raisonnement par économie d’énergie, avec la pleine collaboration du milieu journalistique.

 

Les journalistes sont responsables de la mauvaise image des hommes politiques :

-      en leur imposant d’exprimer leur opinion sur des sujets complexes en peu de temps

-      en les incitant à développer des raisonnements simples pour qu’ils soient accessibles au public (et donc des raisonnements faux érigés en slogans)

-      en montrant du doigt les mensonges que les politiques ont dû proférer (alors qu’ils en sont parfois à l’origine)

-      en créant et en entretenant des polémiques (à partir de mensonges émis, en opposant des personnalités d’un même camp, etc.)

-      en évoquant en boucle des scandales qui ne concernent qu’une petite partie du personnel politique.

Dans ce capharnaüm, les journalistes prétendent nous aider à y voir plus clair et finissent par faire les élections au travers de tous les mécanismes mis en jeu et que nous avons abordés précédemment.

Tout dépend finalement de la personne qui est actuellement bien vue par le monde du journalisme. Un triptyque de plus en plus dénoncé s’instaure à chaque fois « D’abord on lèche, puis on lâche et enfin on lynche ». Nicolas Sarkozy a eu la chance d’être dans la phase de léchage journalistique en 2007, cela lui a permis d’être élu. Il est passé au cours des 2 ans qui ont suivi dans la phase de lâchage journalistique pour se retrouver maintenant en phase de lynchage.

 

Le mal-être humain

La politique est ce qui gère notre société, si on détruit la politique, on détruit la société et les humains qui y vivent.

 

Le journalisme a permis de franchir des grands pas évolutifs dans l’histoire de la société. Il a permis sans doute l’avènement de la démocratie en parallèle à l’apparition de la « liberté de la presse ».

Mais aujourd’hui, le journalisme est arrivé à un tournant qui peut faire dire que la liberté d’informer devient la liberté de désinformer et qu’au final, la liberté de la presse coupe les citoyens de la liberté de choisir la société qu’ils veulent.

Par « effet de modelage », les médias ont une influence sur le comportement des gens, notamment des plus jeunes. En développant la violence dans l’image, ils développent la violence dans la réalité comme nous l’avons déjà démontré à la fin d’un précédent article.

PAGE INTERNET

FLECH: Comment faire de l'audience ? (par M.F.)

 

Le journalisme actuel développe la paranoïa. Nous avons abordé l’origine du « tous pourri » qui concerne le milieu politique, mais les nuisances ne s’arrêtent pas à ce domaine : à force de voir des images violentes, on a peur de la société, à force d’entendre parler de pédophiles, on les imagine partout !

On aurait besoin d’une société apaisée alors que les journalistes l’enflamment tous les jours, on aurait besoin de trouver des solutions alors que les journalistes empêchent ceux qui en ont de les exprimer.

Heureusement il existe quelques résistants : des journalistes compétents, quelque part, mais ils sont rares et difficiles à trouver, surtout dans le milieu audiovisuel. Ils trouvent des aires pour s’installer progressivement et nous redonner de l’espoir. Ils se trouvent dans quelques journaux de presse écrite, ils se trouvent dans de rares émissions, ils se trouvent surtout sur internet quand on sait trouver les bonnes sources. Le référendum sur la constitution européenne l’a prouvé, les arguments fiables étaient sur internet, pas à la télé.

A la télé ou à la radio, les journalistes en ont peur : pour eux internet est un danger… Pour nous, peut-être pas !

 



[1] « The emotional side of prejudice : the attribution of secondary emotions to ingroups and outgroups » Personnality and social Psychology Review, 4

[2] « Grooming, Gossip and the Evolution of Language »

[3] « On emotional innumeracy : predicted and actual affective responses to grand-scale tragedies », Journal of Experimental Social Psychology

[4] « The role of the affect and availability heuristics in risk communication » Risk Analysis 26 n°3

[5] « You can’t believe everything you read » Journal of personality and social Psychology, 65

[6] « Noxious heat induces fRMI activation in 2 anatomically distinct clusters within the nucleus accumbens » Neurosciences Letters 392

[7] « Is this a question? Not for long. The statement bias » Journal of Experiment Social Psychology

[8] « The psychological price of media bias » Journal of Experimental Psychology »

[9] « Context effects in political judgements » European Journal of Social Psychology,28

dossier élaboré par M.F. (2010-01-30 - mise à jour du 21-10-2010)

 

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