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Pour une reforme des colleges

NON ! L’excellence de la France ne doit pas se résumer aux langues vivantes ou aux langues mortes !

Pourquoi de « bons élèves » devraient-ils perdre leur temps à parler une langue disparue (le latin) ou en voie de disparition (l’allemand) ?

L’enseignement du latin, peut, c’est vrai, avoir un intérêt pour aider les élèves à la maîtrise du français. Dans ce cas, pourquoi serait-il réservé aux « bons élèves » et justement pas à ceux qui ont des difficultés dans la maîtrise de leur propre langue ? L’enseignement du latin (ou du grec) n’a d’intérêt que s’il est enseigné sous la forme de leçons d’étymologie. Cela devrait être intégré aux cours de français à raison d’une demi-heure par semaine pour tous les élèves. Il ne s’agit pas d’apprendre le latin 2h par semaine (comme c’est actuellement le cas pour ceux qui ont choisi l’option) alors que des matières plus utiles comme les arts ou les sciences n’ont qu’1h à 1 h 30 chacune.

Quant à l’enseignement de l’allemand. Faisons un retour dans le passé, puisque c’est en réalité ce à quoi ces matières nous invitent. S’il était utile d’apprendre à parler la langue de l’ennemi il y a un siècle, entre temps, l’ennemi est devenu ami (quoique) et à l’heure de la mondialisation, la langue allemande ne représente plus rien à côté de l’anglais, du chinois ou de l’espagnol. Ah si, pardon, l’allemand représente encore une matière avec un volume horaire déconcertant dans l’enseignement secondaire français (2 ou 3h par semaine pour les bilangues en 6e et 5e, et 5 h pour les classes européennes en 4e et 3e)…



Alors NON, l’excellence de la France ne passe pas par l’option latin ou bilangue. Qu’est ce que ces options nous apportent réellement comme richesse intellectuelle à l’international ? Rien.

Bien entendu, cela dépend si on s’appuie sur la coloration française de l’« intellectuel » ou si on s’appuie sur la coloration internationale. En France, l’intellectuel, est en réalité une personne qui a été sélectionnée sur sa capacité à admirer le passé (l’histoire, la littérature ancienne, etc.) et donc souvent à honnir le futur. A l’international, l’intellectuel serait plutôt le « scientifique ». Il ne faut pas chercher plus loin la raison de la fuite des cerveaux français. Ne serait-il pas temps que la France prenne conscience qu’elle marche à reculons : en ayant sans cesse le passé face à soi et en ne regardant que vaguement le futur dans le rétroviseur ? Il est temps que la France privilégie son futur à son passé, tout en gardant à l’esprit, bien sûr, qu’une connaissance suffisante du passé permet de mieux appréhender le futur. Si on ne change pas cela, la place si grande de la France passée deviendra une si petite place future.



Ne serait-il pas plus utile que des élèves apprennent enfin les sciences économiques et sociales dés le collège, la philosophie ou la psychologie. Ces disciplines, souvent mal connues et pourtant accessibles pour un collégien, permettraient de mieux comprendre le fonctionnement des relations humaines, de mieux vivre ensemble et de mieux comprendre soi-même et les autres.



Au lieu de ça, on se braque contre toute évolution et on cherche à maintenir des choses qui ne servent à rien, si ce n’est à prendre de l’énergie et du temps qu’on ne pourra plus consacrer à autre chose !

Lorsqu’on voit les enjeux auxquels l’humanité va être confrontée dans les prochaines décennies : risques d’épidémies, surpopulation, problèmes de famines et d’eau potable, changement climatique, etc. En France, pays d’arriérés, on s’effraie de l’avenir de l’allemand ou du latin !



Allez, entre nous, nous avons tous compris que ces options ont un véritable intérêt : permettre aux « bons élèves » de se retrouver ensemble dans de « bonnes classes » en laissant pourrir les autres dans un coin.

Pourtant les études scientifiques montrent que les classes contenant une hétérogénéité dans le niveau des élèves permettent aux « mauvais » de progresser sans nuire aux « bons ». Mais cela impliquerait qu’en France, on tienne compte de ce que la science nous dit. Encore faudrait-il qu’on apprenne à ne pas la mépriser, comme c’est le cas dans l’enseignement français, où les sciences sont reléguées à l’état de sous-matières et où elles sont souvent résumées aux mathématiques.

Alors oui, je comprends que la situation soit difficile à vivre pour les professeurs concernés qui peuvent perdre des heures d’enseignements et donc des emplois. C’est particulièrement difficile pour moi de l’admettre car je connais personnellement des professeurs concernés et pour lesquels j’ai de l’estime. Peut-être aurait-il fallu proposer à ces professeurs des compensations pour les aider à une reconversion ? On peut être passionné de l’allemand et du latin, mais ne devrait-on pas réserver ces enseignements à des élèves qui auraient envie de se spécialiser au lycée ou dans l’enseignement supérieur ?



Une réforme qui proposerait de supprimer les heures nombreuses (comme nous venons de le voir) consacrée à l’allemand et au latin pour les quelques bons élèves (une minorité) pour pouvoir redistribuer ces heures sur l’ensemble des élèves, et notamment les plus en difficulté, en assurant des enseignements plus adaptés, c’est bel et bien une réforme qui me semble juste, intelligente et utile.



A ceux qui argumentent « pourquoi supprimer quelque-chose qui fonctionne », je veux répondre que justement, si le collège ne fonctionne plus, c’est, entre autres, parce qu’on a créé des options lourdes qui isolent trop souvent les « bons élèves » des autres et accaparent une partie des budgets qui devraient être consacrés à tous et non à quelques-uns. La réforme prévoit bel et bien une meilleure répartition des moyens, puisqu’elle permettra à tous les élèves de bénéficier d’un nombre d’heures de dédoublement (enseignements à effectif réduit) accru ! C’est pour cette raison, notamment, que les syndicats réformistes (Se-UNSA, Sgen-CFDT notamment) et que les fédérations de parents d’élèves, tout en restant vigilants sur la mise en application de cette réforme, se sont prononcés pour. Mais il ne fallait pas compter sur les grands médias pour le faire savoir ! Ces journalistes, là encore, ont une formation d’intellectuels à la française et n’ont donc pas la moindre idée de ce qu’est la rigueur scientifique.

M.F. (29-05-2015)

 

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