Le CSA aux ordres de l’UMP

 

par L'Humanité (16-06-2006)

 

UDF . Le Conseil supérieur de l’audiovisuel a classé le temps de parole de l’UDF dans l’opposition, suite au vote de la motion de censure au gouvernement.

L’UDF classé dans l’opposition par le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA). Simplement parce que le parti centriste de François Bayrou a voulu faire entendre sa voix lors du vote de la motion de censure au gouvernement Villepin, le 16 mai. La décision se veut une sanction envers le président de l’UDF, accusé de jouer le jeu de la gauche contre ses alliés de droite.

Rien d’étonnant à ce que le conseil présidé par Dominique Baudis ait pris cette mesure de rétorsion : huit de ses neuf membres ont été nommés par la droite. Il ne leur aura pas fallu longtemps pour accéder au désir du président du groupe UMP de l’Assemblée nationale, Bernard Accoyer, de sanctionner l’UDF. Après un refus en novembre 2005, l’acte de « rupture manifeste et irrévocable » est cette fois-ci avéré avec le vote de la censure, estime l’organisme. Aux ordres, il a donc exécuté le bon vouloir du parti majoritaire.

Le principal intéressé, François Bayrou, voit dans cette décision intolérable une « dérive inquiétante d’un parti qui a tous les pouvoirs ». Et refuse d’être classé dans l’opposition. « L’État-UMP ne recule devant rien pour imposer ses vues et plier toutes les institutions à ses intérêts partisans », déplore le président de l’UDF. Le Parti communiste français enfonce le clou dans un communiqué. Selon lui, le conseil « prend des décisions politiques partisanes ». Le socialiste Arnaud Montebourg va plus loin, estimant que Dominique Baudis devrait « remettre sa démission ». Partisan, le CSA ? Il penche seulement dans le sens de ceux qui l’ont mis en place. Logique, mais gênant.

L’UDF cherche toujours sa place dans le spectre politique à la veille des élections de 2007. Alors que François Bayrou revendique sa liberté de parole, l’UMP entend museler son parti « satellite ». Officiellement en l’enfermant dans un rôle d’opposition, mais peut-être aussi en utilisant ce biais pour reconquérir une partie des élus UDF, effrayés par une « gauchisation ». Mais la sanction politique relayée par le CSA n’aura peut-être pas l’effet escompté par l’UMP. Déjà le Parti socialiste proposait une alternative, mardi, par la voix de son chef de file à l’Assemblée nationale, Jean-Marc Ayrault, obligeant l’UDF « à être encore plus claire » et rappelant que « la logique politique est en notre faveur ». Un appel du pied que François Bayrou examinera sans doute avec la plus grande attention.

Grégory Marin

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Bien évidemment, tout le monde sait que l'UDF est un parti de gauche ! - M.F.