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Les logiques de la science
Des logiques multiples et la complementarite du religieux (3/3)

On a souvent tendance à penser qu’il n’existe qu’une seule logique et qu’il y a d’un côté des gens logiques, et de l’autre des gens qui ne le sont pas. Mais il peut, en réalité, exister plusieurs logiques qui envoient vers des conclusions différentes. En voici quelques exemples.

Il existe des phrases qui changent de sens selon le contexte. Un raisonnement peut paraître logique à un moment donné et moins évident à un autre. Quelqu’un vous dit « cèunbovere », vous n’avez bien sûr pas l’orthographe de la phrase qu’il vient de prononcer. C’est alors à vous de trouver le plus rapidement possible la logique qui vous permettra de comprendre le sens de ce qu’il dit. Tout dépendra du contexte dans lequel vous vous trouvez.

- Si vous êtes dans votre jardin avec une loupe pour observer les petits animaux de la nature, vous comprendrez « c’est un beau ver (de terre) ».

- Si vous êtes plutôt en train de lire un poème, vous comprendrez que « c’est un beau vers ».

- Si vous êtes devant un étalage de pulls colorés, vous comprendrez « c’est un beau vert ».

- Si vous êtes à table devant un magnifique verre, vous comprendrez « c’est un beau verre ».

Ce qui est regrettable, c’est que vous n’avez pas suivi le début de la conversation et qu’on vous parlait en réalité de la personne qui est venue sonner chez vous hier et qui est le fils du père Bovert et que donc « c’est (aussi) un Bovert ».
On constate donc que la logique peut nous induire en erreur.

La logique d’un raisonnement dépend du contexte dans lequel il est appliqué. Il n’est pas possible de considérer quelqu’un comme illogique. Tout dépend de la logique qu’il s’est construit lui-même par rapport au contexte, à son vécu et à sa vision du monde. Le problème est que ce qui nous est logique nous paraît évident. Plutôt que d’admettre qu’un autre soit d’une autre logique, on préfère penser, qu’il n’est pas logique et donc qu’il est stupide.

Il existe une apparente opposition entre la logique déductive et la logique inductive. Selon les cas et ce qui nous arrange, le raisonnement qui sera appliqué ne sera pas le même. Il sera possible d’appliquer un raisonnement inductif (on part d’un cas particulier pour énoncer une règle générale) ou un raisonnement déductif (on part d’une règle générale pour énoncer des cas particuliers).

La logique déductive semble plus rigoureuse : si on part de la règle que « tous les hommes noirs fabriquent beaucoup de mélanine dans leur peau », on peut en déduire que « Jean, qui est noir, fabrique beaucoup de mélanine dans sa peau ». La logique inductive semble moins rigoureuse : si on dit « Jean est noir et il est grand », on ne pourra pas énoncer avec certitude la règle générale « tous les noirs sont grands » mais par contre « il y a des noirs qui sont grands ». Pourtant, bien que plus rigoureuse en apparence, cette démarche déductive a des failles, elle ignore toutes les exceptions et il y en a de nombreuses en sciences naturelles, en sociologie, en grammaire même.

La logique inductive ne doit donc pas rester de côté. Les hypothèses se fondent en sciences sur des observations de cas particuliers. C’est donc à partir d’exemples qu’on énonce des règles générales sous forme d’hypothèses avant de chercher à les vérifier, ce qui n’est pas toujours possible. On ne peut pas vraiment vérifier qu’une règle est universelle et qu’elle ne comporte aucune exception. On ne fait que le supposer par souci de simplification de notre perception du monde.

Les statistiques montrent que la logique n’est qu’une question. Imaginons, une étude réalisée qui arriverait à la conclusion suivante : « Le président millefacien actuellement au pouvoir a une cote de popularité de 76% », selon les cas , des déductions différentes pourront être faites :

- 76% des gens qui émettent un avis sont satisfaits du président

- 76% de l ‘ensemble des gens est satisfait du président

- 24% des gens veulent changer de président

- 24% des gens n’ont pas d’avis positif (mais pas d’avis négatif non plus)

- 76% des gens veulent que ce président soit réélu

- 76% des gens voteraient pour ce président s’il y avait des élections

- 76% des gens pensent que ce président fait « du bon travail »

- 76% des gens pensent que ce président fait « un meilleur travail » que ce que feraient ses concurrents

- 76% de ce que fait le président est considéré comme positif

- Etc.

Chaque journaliste ou chaque éditorialiste qui cherche à annoncer les données du sondage, donnera une explication qui pourra être différente de celle de son collègue, tout en pensant avec la meilleure foi du monde, ne pas interpréter mais se contenter de donner les chiffres… Chacun aura compris les résultats du sondage avec la logique qui lui est propre.

Il y a une quantité énorme de façon de faire « parler » les sondages. Sans compter que les gens interrogés ne comprennent pas tous les questions avec la même logique. Certains statisticiens le savent et formulent volontairement les questions de manière ambiguë pour pouvoir faire dire ce qu’ils veulent aux résultats.

« Selon vous, le président devrait-il être réélu ? », doit-il être compris comme « selon vous, le président mériterait-il d’être réélu ? » ou comme « selon vous, le président a t-il des probabilités d’être réélu ? ».

Pendant la révolution industrielle, est né un mouvement qu’on a appelé le positivisme, croyance que la science, en se séparant de la religion et de la métaphysique, apportait un formidable progrès. On a souvent mal interprété ce mot : le positivisme ne critique pas la religion, ni la métaphysique mais elle les considère comme insuffisamment concrets et préfère, selon les mots de son fondateur Auguste Comte « renoncer à chercher l’origine et la destination de l’univers et à connaître les causes intimes des phénomènes, pour s’attacher uniquement…à leurs lois effectives. » C’est donc un aveu de l’impuissance de la science à répondre à certaines questions et non l’affirmation de la science comme toute puissante. Quand la science explique un phénomène par la loi de la gravité, elle n’explique pas pourquoi, c’est cette loi qui agit dans l’univers et pas une autre. Chercher à expliquer d’où vient cette loi est du ressort de la foi, de la métaphysique et du religieux, ce n’est plus du ressort de la science.

Ainsi, contrairement à ce que certains croient, la science ne présente aucune contradiction avec la religion, elles sont complémentaires car elles ne répondent pas aux mêmes questions.

Lorsque la science cherche à répondre à des questions métaphysiques telles que « Dieu existe t-il ? », elle fait la même erreur que lorsque le religieux cherche à affirmer que « la Terre s’est faite en 6 jours ». Lorsque l’un empiète sur le territoire de l’autre, il dit à coup sûr des énormités.

Les textes religieux ne doivent être considérés que comme des contes symboliques ou comme des guides moraux pas comme des écrits scientifiques, ce n’est pas leur rôle !

Quant à la science, elle ne peut prétendre donner un sens à la vie ou prétendre qu’il n’y en a pas, là ce n’est qu’une question de foi.

M.F. (02-12-2008)

 

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DANS CE DOSSIER Les logiques de la science

Une logique pour comprendre le monde (1/3) par M.F. (30-11-2008)

La supériorité de la logique scientifique en cause (2/3) par M.F. (01-12-2008)

Des logiques multiples et la complémentarité du religieux (3/3) par M.F. (02-12-2008)

 

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