Il s'agirait de pouvoir disposer à un certain âge, d'une année de congé payé. L'idée est inspirée de situations existantes et réalistes.
"Dans les universités américaines, les professeurs bénéficient d'une tradition particulièrement agréable : les années sabbatiques. Comme dans la religion juive, qui prescrit d'interrompre le travail un jour par semaine, le jour du sabbat, les professeurs d'université ont la possibilité, tous les six ou sept ans, d'être totalement déchargés de leurs fonctions habituelles ; ils n'ont plus, durant une année, de cours à assurer, de laboratoire à diriger, de réunion à organiser. Ils peuvent librement profiter de ce congé pour lire des livres jusque-là laissés sur une étagère, entreprendre d'autres réflexions, explorer un nouveau domaine de recherche ou, s'ils préfèrent, aller bronzer sur une plage des Seychelles. L'expérience prouve que ce n'est nullement du temps perdu mais une période de ressourcement qui leur donne plus de tonus au retour.Ce qui est vrai pour ces chers professeurs pourrait l'être pour chacun d'entre nous. Si nous admettons que la construction de l'intelligence est l'œuvre d'une vie entière, il faut donner à tous les citoyens le moyen de retrouver de l'énergie et surtout la possibilité d'entamer une bifurcation.Il se trouve que les progrès techniques, et notamment l'informatique, permettent d'obtenir le même résultat qu'autrefois avec beaucoup moins de travail. C'est là une victoire humaine qu'il faut regarder comme un bienfait et non comme une source de chômage. La réduction de la durée du travail à quarante heures, puis à trente-cinq heures, va dans la bonne direction, mais d'autres modalités sont possibles. Pourquoi pas sous la forme de longues périodes où chacun aurait la possibilité d'entreprendre un projet à long terme ? Imaginez qu'à la fin de la trentaine vous puissiez jouir de deux ou trois années payées comme un congé et vous permettant de réorienter votre activité, d'entreprendre de nouvelles études. Cette période de remise en train ne représenterait qu'un dixième de la durée totale de la vie dite « active », elle ne serait donc guère plus lourde pour l'économie que l'actuel chômage." (Albert Jacquard, tentative de lucidité)Nous sommes tous embarqués dans nos vies et nos routines quotidiennes, nous ne pouvons pas remettre en question le travail qui nous nourrit et nous loge tous les jours… Il faudrait imaginer un système permettant de prendre du recul sur nos vies et qui nous guiderait vers une voie qui nous convient mieux. Mais ce système ne devrait pas mettre à la rue ceux qui décident à un moment donné d’arrêter leur travail pour profiter de ce temps de réflexion.
NEOPOLIS
