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Profs, petit tour des privileges inexistants

PLAN DE L'ARTICLE

De faux privilèges.

Le temps de travail hebdomadaire

Les vacances

Le salaire

La retraite

Les conditions de travail

La sécurité de l’emploi

Les grèves et les absences

De véritables inconvénients.

L'accès au métier

Des frais supplémentaires

Les responsabilités

Les mutations

Démissions: le décalage entre l'image du métier et la réalité

Il est des professions pour lesquelles l’image que l’on en a et la réalité présentent un véritable décalage. Il s’agit bien souvent des professions exercées par des fonctionnaires, terme devenu même péjoratif. Les métiers de l’enseignement en sont un bon exemple : voici les uns après les autres les différents arguments employés contre les profs. Voyons la pertinence de chacun d'eux…

De faux privilèges.

Le temps de travail hebdomadaire

« Ils ne travaillent que 18 heures par semaine ! »

Il est estimé à 42,8h par semaine en moyenne selon la DEPP (Direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance), un organisme du Ministère de l'Éducation Nationale, en 2022. Pour avoir plus de détails: consulter directement les chiffres du ministère.

PAGE INTERNET

Note d'information 22.30 concernant le temps de travail des enseignants (par DEPP (Direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance))

 

La majeure partie des français travaille 35 heures par semaine alors qu'il est en moyenne de 42,8 heures chez les enseignants mais ces chiffres n'ont rien de surprenant puisqu'elles ont été fixées par le décret de 1950, alors qu'à l'époque les autres salariés travaillaient 40 heures avec 3 semaines de congés payés. En 60 ans, le temps de travail des salariés a baissé de 25%, sauf pour les enseignants où il est resté le même !

Les vacances

« Ils sont toujours en vacances ! »

Pas de 14e mois, pas de 13e mois payés: les professeurs ne sont payés que 12 mois de l’année: Une idée fort répandue chez les enseignants, veut même que les professeurs soient en réalité payés sur une base de 10 mois de travail, le salaire étant ensuite réparti sur 12 mois. Cette idée, bien que démentie par les syndicats, résiste car elle expliquerait aisément que le salaire soit moins élevé qu'on pourrait s'y attendre (l'agent ne recevant que 10/12e de son salaire chaque mois). Une décision du conseil d'Etat datant du 26 novembre 2012 indique que les congés payés des professeurs sont de 5 semaines par an. Ce qui se justifie par le fait que les professeurs profitent généralement de leurs vacances pour préparer des cours et corriger des copies ! Le nombre de jours travaillés pendant les congés est en moyenne de 34 jours par an.

PAGE INTERNET

Données chiffrées concernant la note d'information 22.30 concernant le temps de travail des enseignants (par DEPP (La Direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance))

 

Par ailleurs, les enseignants n'ont pas la possibilité de "poser" un jour de congé. Ce qui existe dans la plupart des professions, n'existent pas dans l'éducation nationale.

Le salaire

« C’est une bonne place et ça paye bien !»

DOCUMENT VISUEL

Infographie du ministère de l'Education nationale présentant la rémunération des enseignants du 1er degré (par Ministère Education Nationale)

 

DOCUMENT VISUEL

Infographie du ministère de l'Education nationale présentant la rémunération des enseignants du 2d degré (par Ministère Education Nationale)

 

A diplôme équivalent, les enseignants sont les plus mal payés des cadres de catégorie A public et privé confondu. Le salaire médian d'un enseignant français est de 30 240 € par an. Voici quelques salaires médians des cadres équivalent à titre de comparaison.

DOCUMENT VISUEL

Graphique comparatif des salaires médians de différents cadres. (par mercipourlinfo.fr - Apec)

 

Voici les salaires médians en fonction du niveau d'étude

DOCUMENT VISUEL

Comparaison des salaires selon le niveau d'étude (par schoolmouv.fr - Adzuna.fr)

 

Pour rappel, le concours de l'enseignement se passe à un niveau Master (Bac+5)

Par ailleurs, il faut rappeler que les enseignants français sont parmi les professeurs les plus mal payés des pays de l'OCDE.

DOCUMENT VISUEL

Comparaison salaires enseignants aux pays comparables (par Olivier Berruyer (Les-crises.fr) à partir des données de l'OCDE)

 

Plus de détails sur le site de l'OCDE: https://data.oecd.org/fr/eduresource/salaires-des-enseignants.htm

En tant que fonctionnaire il leur est interdit d’exercer un emploi susceptible d’apporter un revenu supplémentaire (Article 25 de la loi n° 83-634 du 13 juillet 1983).

PAGE INTERNET

Loi portant droits et obligations des fonctionnaires. Loi dite loi Le Pors. (Loi n° 83-634 du 13 juillet 1983)

 

Pour progresser le professeur (certifié) et la plupart des fonctionnaires n'ont d'autre choix que de se présenter à un concours.

La retraite

« Ils partent en retraite à 55 ans, certains avant !»

Les professeurs sont des agents de la fonction publique, certains pourraient confondre avec certaines catégories et penser qu’ils ont la retraite à 55 ans. La retraite des professeurs n’est ni à 55 ans, ni à 60 ans… ! Le départ pourra se faire à 64 ans (à partir de 2030) comme pour la plupart des français. Puisqu'un enseignant doit avoir cotisé 42 ans et sachant qu'il entre en moyenne dans le métier à 25 ans, il pourra toucher une retraite à taux plein à 67 ans !

Le calcul de la retraite des fonctionnaires se fait sur les 6 derniers mois, parce qu'ils correspondent à ce qu'ils auraient eu les 25 meilleures années s'ils avaient été dans le privé (avec prise en compte des primes).

Au niveau global, si ces retraités de la fonction publique bénéficiaient de la retraite du privé, la pension moyenne serait quasi équivalente. Légèrement supérieure tout de même, de +1,5% en basculant sur le régime du privé. Mais basculer sur le système du privé ferait beaucoup de gagnants : « 62% des fonctionnaires sédentaires (de la génération 1958) seraient gagnants. »

La quantité de travail

« C'est un boulot tranquille! Qu’ils aillent faire des stages dans des boites privés : ils arrêteront de se plaindre »

La plus grosse partie du travail de l'enseignant étant "invisible", il est utile de rappeler ces différentes parties qui le composent :

DOCUMENT VISUEL

Extrait de la note d'information 22.30 de la DEPP (par DEPP)

 

- Assurer les 18 heures devant les élèves: C'est la partie émergée de l'iceberg. Pourtant, il faut prendre conscience qu'une heure devant les élèves est intense et probablement plus fatigante qu'une heure de travail dans un bureau.

- Activités pédagogiques: Exemple pour un professeur de Sciences de la Vie et de la Terre: Préparation des cours (les concevoir, chercher des documents, des exercices correspondants et leur correction, lectures pour mises à jour didactiques et pédagogiques, etc.); conception des interrogations /devoirs; correction des copies : (Exemple: SVT en collège = 12 classes de 25 élèves = 300 élèves ; minimum 3 notes en 2 mois et demi soit 1 note par 3 semaines : 300 copies / 3 semaines soit 100 copies par semaine à raison de 5 minutes par copie. SVT en lycée : 5 à 6 classes en moyenne de 30 élèves = 180 élèves… 10 minutes par copie minimum…); gestion du laboratoire (Recherche/achat de matériel, gestion du budget, rangements, planning d'utilisation du matériel partagé entre collègues, vaisselle après les travaux pratiques, etc.);

- Activités avec la communauté éducative: conseils pédagogiques, conseils d'administration, réunion d'organisations et de présentation de projets, réunions intercycles (collège-lycée, primaire-collège), réunions pour élèves à profils particuliers (mise en place de PAP), réunions parents-professeurs, discussions informelles sur les élèves (salle des professeurs), réunions sur le projet d'établissement, etc.

- Activités autres: suivi orientation des élèves, adaptation des cours aux élèves à besoins particuliers (de plus en plus nombreux), mise en ligne des cours, communication par mails (avec les parents, les élèves, l'administration), formation, etc.

DOCUMENT VISUEL

comparaison emploi du temps réel et emploi du temps visible d'un professeur de physique (par d'après snes-FSU)

 

Les conditions de travail

« Ils ne s’imaginent pas ce que c’est d’avoir un patron. Ils font ce qu'ils veulent »

Les enseignants n'ont pas un patron, ils en ont plusieurs et doivent gérer d'autant plus de pressions :

- des supérieurs hiérarchiques (inspecteur qui note la pédagogie ; principal/proviseur qui note administrativement. L’inspecteur et le chef d’établissement ayant parfois des consignes qui s’opposent). Les notes ont une influence sur l’avancement (salaire, carrière) : le salaire au mérite, même mal organisé et peu développé, existe déjà !!!

- des parents (qui prennent l’école pour une société privée dont il seraient les clients) - des élèves (qui s’inspirent de leurs parents et viennent en consommateurs) + mouvements de masse de classe difficiles à contrôler. - des programmes : très chargés et qui doivent être terminés pour qu’il y ait continuité d’une année sur l’autre, ou dans les cas d’examens en fin d’année. - parfois des collègues, qui se croient dans une société privée où le rendement nécessite de mettre tout le monde en concurrence

- de la société et de la mauvaise image que véhicule le métier d’enseignant (gens ne connaissant pas la société alors qu’ils ont toutes les classes sociales devant eux ; fainéants et payés à rien foutre alors qu’ils bossent plus que la moyenne des français ; facile alors qu’ils subissent des pressions de toute part : on leur attribut les échecs de la société ; les défauts d’éducation des parents ; dilapideur de l’argent des « braves gens » qui travaillent pour payer les impôts ; etc…)

L'enseignement est classé parmi les professions à plus forts risques de burn-out : Selon des études de différents observatoires et cabinet d'expertise (Amarok 2018, Technologia, etc.) les professions les plus touchées par le burn-out en France sont : les agriculteurs, les personnels soignants/médecins, les enseignants, les travailleurs sociaux, les cadres et les chefs d'entreprise. Les moins touchés sont les employés et les ouvriers.

Les psychologues indiquent que les conditions de stress pouvant conduire au burn-out sont :

- Les exigences/injonctions contradictoires : il s'agit probablement de la cause principale de burn-out chez les enseignants qui sont, en général, d'anciens " bons élèves " par nature sérieux et consciencieux, et qui cherchent donc à répondre à toutes les injonctions/consignes auxquelles on les soumet.

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Plus de 50 injonctions contradictoires imposées aux profs ! (par M.F.)

 

- L'intensité du travail : les professeurs sont concernés comme nous l'avons déjà développé plus haut. Celle-ci est d'autant plus violente qu'elle est contestée par les personnes extérieures qui n'ont jamais exercé ce métier.

- Manque d'autonomie ou de latitude décisionnelle : les enseignants doivent se conformer aux consignes officielles en ce qui concerne les programmes, les injonctions ministérielles et des corps d'inspection. Tous ceux-ci étant déconnectés du terrain.

- Le déséquilibre entre vie privée et vie professionnelle : les enseignants ont la plus grosse partie de leur travail (voir paragraphes précédents) qui ne correspond pas à un emploi du temps fixe, ni un lieu fixe : ils peuvent être amenés à travailler certains soirs (notamment pour les réunions), les week-ends ou jours fériés. Ce qui peut impacter leur vie familiale. Par ailleurs, leur lieu de travail est en grande partie chez eux (préparation de cours, correction de copies, communication via ENT, etc.), ce qui complique la coupure entre vie professionnelle et vie personnelle.

- L'impossibilité d'être vraiment soi : elle est liée au manque d'autonomie et aux injonctions contradictoires mais également au fait que les professeurs sont toujours dans un " rôle " d'adulte, pouvant parfois ressembler à un rôle imposé d'acteur face aux élèves et ne peuvent pas se libérer, comme on pourrait le faire entre adultes.

- Les conflits de valeur : Les enseignants ont choisi ce métier parce qu'ils portent des valeurs importantes à leurs yeux : valeurs de transmission, d'éducation, de bienveillance, etc. mais ils se retrouvent dans des conditions de travail qui les amènent à devoir bâcler, voire maltraitant.

- Les difficultés relationnelles : elles peuvent concerner la hiérarchie directe (chef d'établissement) mais concerne plus spécialement certains élèves (notamment à l'adolescence) et certains parents pouvant être agressifs.

- L'insécurité professionnelle : Il peut s'agir d'instabilité professionnelle, notamment en début de carrière, lorsqu'un enseignant peut se retrouver affecté pour plusieurs années loin de sa famille, ou lorsqu'un enseignant peut être affecté sur plusieurs établissements, parfois sur plusieurs villes (pour compléter un service) ou encore en remplacement du jour au lendemain d'un collègue absent, etc.

Il peut s'agir d'insécurité physique et psychique : elle est liée aux relations avec certains élèves (notamment dans certaines zones) et certains parents, mais aussi aux injonctions contradictoires récurrentes, déjà abordées, qui sont de nature à provoquer des maladies mentales. Rappelons que les enseignants ne bénéficient pas de médecine du travail équivalente à ce qui est imposé pour les entreprises privées.

Enfin, les enseignants, particulièrement dans le secondaire sont touchés par l'ingratitude de leur métier : Les élèves qu'ils forment, adolescents ne remercient pas les adultes, parce qu'ils ne voient pas en quoi ceux-ci les aident pour l'avenir. Les enseignants ne voient souvent pas le fruit de leur travail car ils perdent contact avec la majorité de leurs élèves lorsque ceux-ci quittent l'établissement. L'ingratitude de certains parents qui considèrent l'école comme une garderie (surtout depuis la covid). Ingratitude particulièrement forte, par exemple, lorsque les professeurs organisent bénévolement des sorties scolaires ou d'autres actions pédagogiques (kermesses, etc.), lorsqu'ils investissent des associations à but éducatif (foyers socio-éducatifs). Il n'y a (presque) jamais de remerciements de la part des parents, qui ne réalisent pas qu'il s'agit de bénévolat et que les professeurs ne sont pas obligés de le faire ! De manière plus générale, l'ingratitude de la société qui méprise ses enseignants et les catégorise comme privilégiés, alors qu'il s'agit, tout au contraire, d'une vocation imposant des sacrifices invisibles.

Près d'un enseignant sur 5 serait au bord du burn-out d'après une enquête réalisée par G.Fotinos et J-M Horenstein, médecins à la mutuelle MGEN (Mutuelle Générale de l'Education Nationale).

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La qualité de vie au travail dans les lycées et collèges (par Georges Fotinos & José Mario Horenstein)

 

La sécurité de l’emploi

« Qu’ils arrêtent de se plaindre, eux au moins ils ont un boulot et ils sont sûrs de l’avoir jusqu’à la retraite »

Peut-on encore croire qu’un professeur entrant dans le métier aujourd’hui pourra encore bénéficier de la sécurité de l’emploi tout au long de sa carrière, alors que quelques années d’un gouvernement libéral suffiront à supprimer le statut même de fonctionnaire ? Les enseignants vacataires (non-titulaires) ne savent jamais à l'avance s'ils seront de nouveau employés l'année suivante.

Il est vrai qu'actuellement, il reste assez difficile de mettre à pied un enseignant de manière définitive mais en général on pousse un enseignant qui pose problème à démissionner.

Les grèves et les absences

« Toujours en grève ou absents ! Et ils sont payés quand même »

Les jours de grève ne sont (évidemment) pas payés, ce qui est normal. Mais les jours fériés et les week-ends entourant les jours de grèves ne sont pas payés non plus (ce qui n’est le cas dans aucune autre profession) !!! Les motifs de grève revenant les plus souvent étant les « conditions de travail » : elles englobent certes celles de l’enseignant mais surtout celles des enfants face à eux. Ces conditions de travail ont un poids plus lourd sur l’avenir des élèves que sur le bien-être présent de l’enseignant.

Contrairement à une idée reçue, les professeurs sont moins absents que les autres professions. Selon un rapport de la Cour des comptes sur « la gestion des absences des enseignants », publié le 2 décembre 2021, 2,6 % des professeurs ont été absents « au moins un jour » en 2019, contre 3,9 % dans le privé.

Les études de la DARES et de la DGAFP confirment cette faible absence au travail des professeurs mais précise qu'il est nécéssaire de distinguer l'absence au travail et l'absence devant les élèves. C'est cette dernière qui est visible par les parents.

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La gestion des absences des enseignants (par Cour des comptes)

 

Les enseignants peuvent être présents au travail, tout en tant perçu comme absents par les familles, lorsqu'ils sont en réunions/commissions, en formation, en correction d'examen, en sortie pédagogique avec d'autres classes, etc.

On pourrait considérer qu'une partie de ces activités devraient être organisées pendant les vacances des élèves. Il faut prendre en compte le fait que ce serait un allongement de la durée de travail des enseignants, déjà supérieure aux 35h/semaine en moyenne sur l'année. Pourtant c'est déjà ce qui commence à se produire, avec des formations de plus en plus fréquentes les mercredis après-midi et durant les vacances (lorsque les professeurs n'ont pas les élèves en charge).

De véritables inconvénients.

L'accès au métier

« C’est un métier de fainéants »

Un concours difficile au niveau de qualification élevé qu'un "fainéant" ne pourrait pas atteindre. Le niveau requis pour se présenter au concours est de BAC + 5 (niveau Master). Il faut donc 5 ans d'études post-bac pour passer le concours d'enseignant (CAPES). Le taux de réussite après cette préparation est aux alentours de 20%.

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Résultats aux concours de l'enseignement (par Agreg-Ink)

 

Les études ne préparent pas à l'entrée dans le métier puisqu'il ne s'agit que de connaissances très poussées dans un domaine disciplinaire précis. Il ne s'agit en aucun cas d'étude portant sur la pédagogie ou la psychologie des enfants ou des adolescents. L'enseignement est donc une profession pour laquelle il n'y a PAS de formation. Imaginez vous plonger devant des classes sans n'avoir jamais rien appris sur la façon dont ça fonctionne et sur la façon de transmettre des connaissances.

Pour certains qui estiment qu'être étudiant est facile, je tiens à rappeler qu'être étudiant, c’est travailler sans être payé (30 heures de cours par semaine en sciences) et sans cotiser pour la retraite.

Des frais supplémentaires

« Ce sont des fonctionnaires : ils ont pleins d’avantages! »

Il est déjà important de rappeler que les enseignants n'ont pas de comité d'entreprise ou de structures équivalentes. Mais seulement des « Actions sociales en faveur des personnels » dont le contenu frôle le ridicule en comparaison de ce qui se pratique dans les grandes entreprises privées.

De nombreux avantages « en nature » existant dans les entreprises privées n’existent pas pour les enseignants :

- Pas de comité d’entreprise (donc pas de panier ou d’arbre de noël, pas de réduction cinéma, vacances, etc.)

- Pas de voiture de fonction

- Pas de logement de fonction

- Pas de tickets restaurant, juste la possibilité de manger « à la cantine » (pour ceux qui sont motivés)

- Pas de chèques vacances offerts

- Pas de logement de fonction

- Pas de matériel fourni (imprimante, ordinateur portable, scanner, stylo, sac, etc.). Seul une indemnité de 150€/an pour s'équiper en ordinateur est apparu après le confinement et la généralisation de l'école à distance.

- Pas de voyages « séminaires » d’entreprise

- Pas d’avantages bancaires

- Pas de participation à des frais de transport (sauf si affecté sur plusieurs établissements de villes éloignées)

- Pas de fourniture d’abonnement (Internet, téléphonie, revue…)

- Pas de chèques emploi services

- Pas de retraite complémentaire.

- Pas d’accès à un service de conciergerie (pressing, plomberie…)

- Pas de véritable médecine du travail

Seul avantage : « pass éducation » permettant l’entrée gratuite dans des musées et monuments nationaux. La plupart n’en sont pas !

Les frais supplémentaires (non payés par l'employeur) :

- matériel de travail : crayon, cahiers, sacs, manuels élève, manuels prof, livre pour la préparation de cours

- matériel non remboursé par l’établissement : matériel vivant (cuisses de grenouille…) parfois trop peu onéreux pour pouvoir être remboursé par l’établissement.

- temps et essence: de plus en plus de professeurs sont amenés à travailler sur plusieurs établissements parfois éloignés de plusieurs dizaines de kilomètres et sur la même journée ! La compensation financière n'est pas systématique et la compensation horaire n'existe pas (le parcours entre 2 établissements n'est pas décompté dans le temps de travail)

- déménagements fréquents: il n'est pas rare dans les premières années de carrière de ne pas avoir de poste fixe et d'être amené à déménager d'une année sur l'autre (frais de déplacement des meubles, 1 mois de préavis de loyer à payer, recherche de logement), là encore: sans compensation financière ! J'en profite pour signaler que les logements de fonction n'existent pas pour les enseignants mais sont réservés aux administratifs qui sont responsables de l'établissement 24h/24 et qui payent évidemment le loyer.

Les voyages scolaires :

- Ce ne sont pas des vacances pour les professeurs qui ont 24h/24 des dizaines d’élèves lors d’un voyage. Voyez l'état d'un professeur qui revient d'un voyage scolaire !

- Un projet de loi viserait à faire payer aux enseignants leur place pour un voyage scolaire

Les responsabilités

« Métier tranquille sans vrais responsabilités, c’est pour ça qu’ils sont pas payés chers»

Responsabilité humaine :

- gestion des élèves en présence de matériel dangereux ou onéreux (notamment en Sciences, en technologie et en sport)

- organisation de sorties scolaires avec toute la responsabilité et les démarches impliquées

- gestion des violences (verbales ou physiques) entre élèves,

- gestion des violences (verbales ou physiques) entre élèves et profs

- gestion des violences (verbales ou physiques) entre parents et élèves (élèves battus, etc…)

- gestion des violences (verbales ou physiques) entre parents et profs.

- gestion des diffamations : accusations pédophilie, violence, grossièreté, mensonges, maladresses… (on ne peut pas toucher un élève même par erreur : chaque geste et mot doit être contrôlé)

- gestion sociale (cas d’élèves violents, élèves violentés, élèves violés, élèves orphelins, élèves enceintes, élèves en difficulté scolaire complexé, élèves dépressifs ou suicidaires, etc.)

- gestion médicale (absence d’infirmière dans un nombre croissant d’établissement)

"On ne compte plus les procès intentés aux enseignants pour avoir une seconde tourné le dos aux élèves en écrivant au tableau,…"

Les mutations

« Je connais un prof dans le Sud, il est au soleil toute l’année, c’est la belle vie »

Elles sont calculées en fonction du nombre de points uniquement dus à la situation familiale et géographique :

Points de PACS, de mariage, d’ancienneté dans le métier et d’ancienneté dans le poste occupé. Puis sélection selon l’âge (au bénéfice du plus âgé). Un professeur démarrant dans le métier a toutes les chances d’être affecté dans un poste éloigné de chez lui (Nord de la France et région parisienne) en zone difficile (postes dont personne ne veut). Un professeur originaire de Bordeaux peut attendre 10 ans pour pouvoir retourner dans sa région d’origine !!!

Démissions: le décalage entre l'image du métier et la réalité

« Quel beau métier toujours en contact avec des enfants, probablement le plus beau métier du monde »

Un jeune qui cherche à se lancer dans le métier, n'a pas forcément conscience de ce qui l'attend. Il ne sait pas que , comme tous les métiers de fonctionnaires, il faut être assez solide pour faire face à la misère intellectuelle et sociale. Il aura dans sa classe: les futurs criminels, les futurs assassins, les victimes de viols et autres violences, les SDF, les déficients intellectuels, etc.

Le taux de démission, notamment chez les jeunes enseignants, est particulièrement élevé (rapport OCDE) et augmente de plus en plus pour un métier de « planqué ». C'est un métier qui doit faire face à une cruelle perte de sens. Toutes les valeurs véhiculées par l'école sont en permanence contredite par la société consumériste.

Il suffit de se tenir au courant des différentes campagnes pour « susciter des vocations » qui ont lieues régulièrement à la TV, radio… pour comprendre qu’il y a pénurie d’enseignants : difficiles à comprendre si ce métier est si attractif qu’on le dit souvent. Le seul fait d’être en contact avec des enfants fait penser à un grand nombre de personnes que notre métier est enviable. Pourtant les enseignants font une profession qui est des plus touchée par la dépression et le suicide !!!

Le nombre de démissions annuelles a été multiplié par plus de 6 depuis 2008.

DOCUMENT VISUEL

Évolution des départs définitifs volontaires parmi les enseignants du public en poste à l'Éducation nationale à la rentrée (par DEEP, Panorama statistique des personnels de l'enseignement scolaire)

 

La consommation d'anxiolytique est la règle dans certains établissements. En ce qui concerne les dépressions, il est intéressant de lire l'article du Figaro de Juin 1999.

DOCUMENT TEXTE

Interview du Dr Lermuzeaux, psychiatre à La Verrière, institut destiné aux enseignants. (par Le Figaro)

« Un climat général d'insécurité »Selon le docteur Lermuzeaux, psychiatre à La Verrière, institut destiné aux enseignants qui craquent, les professeurs sont de plus en plus confrontés à une atmosphère de tension.Un parc immense, des bâtiments de quelques étages, un ...

et le graphique associé.

DOCUMENT VISUEL

Taux de suicide de quelques professions (par M.F. d'après l'express du 1er avril 1999)

 

Le métier d’enseignant est une vocation. Les professeurs qui s’engagent dans ce métier y mettent toute leur âme, toutes leurs forces avant de tomber dans la désillusion qui les rends moins déterminés et contribue à leur donner une image qui n’était pas la leur au départ.

L’enseignement aujourd’hui va à contre-sens de l’évolution de la société néo-libérale et c’est contre ça que le vrai combat se joue. Les enseignants sont l’un des derniers remparts qui s’opposent à cette société de l’injustice, de l’argent et de l’inhumain.

En dénonçant les enseignants qui restent les rares personnes dont le métier est d’aider des jeunes à réussir leur vie. En les assommant d' arguments qui ne sont qu’idées reçues ou passées, on les empêche de faire leur travail, on joue contre le futur, on s’oppose à l’épanouissement de ses propres enfants.

Les gens qui jalousent ou haïssent les enseignants sont d’anciens « mauvais élèves ». Les enfants qui entendent leurs parents critiquer les personnels d’éducation, deviennent de « mauvais élèves » qu’ils auraient pu ne pas être.

Et finalement, une des dernières idées reçues qui, elle, n’en est pas une : les enfants qui sont des « mauvais élèves » deviennent le plus souvent des adultes dont la situation n’est pas enviable.

Avec cet article, plus que jamais Flech vous invite à ne pas suivre les flèches !

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EN PLEINE CIBLE: Prof ou le plus beau métier du monde ? (par M.F.)

 

 

 

 

dossier élaboré par M.F. (2006-11-01 - mise à jour du 08-07-2023)

 

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