« C’est pas juste !» Voici ce que clament tous les enfants lorsque punis suite à une bêtise, ils veulent affirmer leur désaccord mais ne savent pas l’argumenter. Pourtant Caliméro est déjà bien loin mais les enfants font encore de la justice le centre des décisions morales des adultes. Quelle insupportable mascarade que ces adultes qui osent faire croire aux enfants que la justice existe et que c’est sur elle que doit se fonder la morale. Quelle insupportable épreuve de la vie, lorsqu’adolescent, je compris que la justice qu’on m’avait fait rêver n’existe pas… Pire, qu’elle est impossible et que la rechercher avec la meilleure foi du monde est vain.Il y a ceux qui croient qu’en appliquant la même sanction à deux personnes ayant commis la même erreur est égalitaire.
Deux collégiens qui reçoivent le même avertissement à l’adresse des parents pour avoir prononcé le même mot grossier, ne sont pas, contrairement aux apparences, punis de la même façon. L’un d’entre eux qui a des parents laxistes fera signer son avertissement sans recevoir de réprimandes. L’autre qui a des parents plus sévères se verra interdit de télévision pendant une semaine. Où est la justice ? C’est dans ce cas précis, en cherchant à être égalitaire sans regarder au delà des apparences, qu’on ne l’est justement pas !Il y a ceux qui regardent les conséquences d’un acte pour déterminer la sanction.
Ils considèrent que le même feu rouge grillé vaudra une petite amende lorsque les dégâts ne sont que matériels et vaudra une peine de prison lorsqu’il y a des morts. Ce n’est pourtant qu’une question de hasard si, pour l’un, il y a eu des piétons qui se trouvaient là et pour l’autre non.Il y a ceux, nombreux, qui pensent qu’on fonctionne tous de la même façon et qu’il est nécessaire de punir pour corriger.
Il suffit pourtant d’ouvrir un peu les yeux pour voir que nous ne fonctionnons pas tous de la même façon. Certains enfants progressent lorsqu’on se fâche et se relâchent lorsqu’on les complimentent. D’autres, au contraire, progressent lorsqu’on les complimentent, et se relâchent lorsqu’on les punit. Pourtant, combien de profs, face à un élève qui posent des problèmes , n’adopterons que la démarche répressive même si elle fait encore se dégrader l’attitude de l’enfant, et n’essaierons pas à un seul moment d’adopter une autre stratégie plus cordiale ? Combien d’enfants brimés se retrouveront, après des années de souffrance, à vouloir revenir au collège avec une mitraillette pour tuer tout le monde, alors qu’il aurait peut-être suffi d’un peu d’encouragements et de mots gentils pour les remettre sur la bonne voie ? Non, penser ça, ce n’est pas de la naïveté, c’est du ressenti et du vécu ! Il est indispensable d’adapter au mieux, le comportement à chaque individu pour le faire progresser et comprendre que ce qui fait progresser l’un ne fera pas forcément progresser l’autre ! Arrêtons de courir après la justice et pensons autrement : La morale, c’est de chercher à être bienveillant envers les autres, à vouloir les faire progresser, à vouloir les rendre heureux. La morale n’a rien à voir avec une soi-disant justice qui chercherait à appliquer aveuglément la même sanction ou la même récompense à tout le monde. Elle n’a rien à faire avec une justice qui chercherait à adapter les peines aux conséquences des actes plutôt qu’aux actes eux-mêmes !La justice, ce n’est pas faire souffrir les gens autant qu’ils ont fait souffrir, comme si le mal infligé aux coupables pouvait soigner celui de leurs victimes !
Est-on vraiment sorti du moyen-âge ?Comment peut-on penser que quelqu’un ferait du mal uniquement pour le plaisir, sans que ce soit une souffrance plus profonde ou une imbécilité qui la guide ?On pardonne aux enfants parce que ce sont des enfants . Ce sont des individus en cours de formation qui doivent encore apprendre ce qui se fait et ce qui ne se fait pas. Il est logique d’être indulgent avec eux. Pourtant…
18 ans moins un jour, vous êtes mineur et donc jugé comme irresponsable . Un jour plus tard, les fées de la nuit sont passées par chez vous, vous êtes majeur et responsable. Brutalement, votre éducation se termine et vous devez assumer toutes l’ampleur de chacun de vos actes !...Ne peut-on imaginer qu’en fonction de son passif, de son (absence d’)éducation et de son enfance, un adulte puisse être encore un individu en cours de formation ?
Celui-ci n’a jamais eu de repère et celui-là a eu tout pour réussir, et il faudrait les traiter de la même façon ?Tel crime, telle peine…pour tous ?Évidemment, on parle parfois, dans les tribunaux, de circonstances atténuantes ou aggravantes, mais quel juge, quel texte, quel idée peut se sentir à ce point au dessus des hommes, pour s’estimer capable de connaître tout le passé d’une personne et se sentir apte à déterminer une peine ? A quoi bon se prendre pour Dieu ? Nous sommes tous humains et nous cherchons tous à trouver le bonheur à partir des seules armes et expériences que la vie nous a donné. Pourquoi châtier l’autre plutôt que de chercher à l’aider ?
Pour lui faire comprendre le mal qu’il a fait et qu’il ne recommence pas ? Pour dissuader ? Mais ce sont les mêmes arguments qui sont évoqués par les partisans de la peine de mort, et qui sont contredits par les chiffres !
Fermez les prisons, ouvrez des écoles, des hôpitaux, des cabinets de psychologie… Ouvrez vos mains, vos bras… Entendez que ceux qui font du mal appellent au secours ! Être humain me rend indigne si la majorité d’entre eux ne sait pas comprendre cela…M.F. (28-11-2008)
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